lundi 17 novembre 2014

Portrait de Roi #1 : Charles VI "Avant j'étais schyzophrene, mais maintenant nous allons mieux"

Aujourd'hui c'est lundi, et le lundi c'est pourri. Sauf si par dépit, par ennui ou par envie, tu viens ici lire ceci.

Nous parlerons aujourd'hui de Charles VI, dit "le Bien Aimé" dans la première partie de sa vie, puis "Le Fou" dans la seconde...Eh oui, entre temps, ce pauvre Charles a disons-le quelque peu pété un câble.

Avant d'aller plus loin, voici un portrait de notre ami royal du jour :

 
Mais qui es-tu Charles?
 
- Il est né le 3 décembre 1368 et devient roi de France en 1380, à la mort de Charles V, son père.
 
- Nous sommes en pleine Guerre de Cent Ans, et Charles démarre plutôt bien son règne : victoire à la bataille de Roosebeck, restauration de l'autorité royale, prise de possession de la Flandre, alliances matrimoniales startégiques...bref, tout se passe bien jusqu'en 1392...

1ere crise de folie :

Nous sommes au mois d'aout 1392. Il fait très chaud et Charles se sent fiévreux. Il décide tout de même de se rendre en Bretagne en passant par Le Mans, où la plus grande partie de son armée est stationnée.

Malgré la température estivale, Charles est vêtu d'un surcot (sorte de robe courte) en velours noir et de chausses noires, la tête couverte d'un chaperon rouge écarlate également en velours...Il doit transpirer comme un porc le gredin...Ses commandants et princes chevauchent loin en arrière, officiellement pour ne pas l'incommoder, officieusement surement à cause du comportement déjà chelou du roi.

Un vieil homme en tunique blanche genre Père Fourras sort alors du bois et empoigne la bride du cheval de Charles en lui criant "Arrête, noble roi, ne passe outre, tu es trahi". Les Princes parviennent à éloigner le vieil homme mais ne le chasse pas du convoi. Et le gars va passer encore 30 minutes à crier de l'arrière de la troupe : Michel Relou, c'est lui! On se doute que les paroles de l'homme ont du commencer à faire cogiter le roi.

Alors que tout le monde traverse une plaine en plein soleil, un page qui porte la lance du roi s'assoupi et la lance vient frapper le casque d'un autre page. Charles VI, sortant de sa torpeur, sursaute, se met à hurler et de la pointe de son épée frappe les deux pages en criant :"Sus! Sus aux traitres!"

Puis, dans un état de démence, il se précipite sur Louis d'Orléans, son frère qui parvient de justesse à éviter les coups.

Charles va tout de même tuer encore 4 gardes avant d'être maitrisé par un Prince.

On lui ôte doucement ses armes, on l'allonge. Il ne parle plus et ne reconnait plus personne, pas même son frère...Les Princes le ligote sur un chariot pour la fin du trajet. Charles va rester inconscient durant 2 jours puis se remet.

2e crise de folie "Le Bal des Ardents":

Nous sommes cette fois en 1393. Le roi va mieux, et en janvier il décide d'organiser un Charivari, sorte de bal costumé. Oui, il est comme ça Charles, il aime s'amuser.

Le 28 janvier à l'Hôtel Saint Pol donc, pour les noces d'une demoiselle d'honneur de la reine Isabeau de Bavière, se succèdent fêtes et banquets. Au soir, les convives se mettent à danser au son des musiciens conviés pour l'occasion.

Charles VI étant un amuseur de première classe a une idée fabuleuse pour amuser la Cour et animer la fête. Il décide avec 4 compagnons de se déguiser en sauvages. Milon, comte de Joigny, Yvain de Foix, Ogier de Nantouillet, Aymard de Poitiers et Charles s'enduisent de poix recouvert de plumes et de poils d'étoupe avant de se lier les uns aux autres par des chaînes, sauf Charles qui ne s'attache pas...et nous verrons qu'il a eu le nez creux...

Au milieu de la nuit, et alors que les lumières s'éteignent, la fête bat son plein. Les 5 sauvages entrent dans la salle du bal et commencent à danser en criant tels des sauvages. D'abord surpris, les invités se prêtent finalement au jeu.

Le frère du roi, qui est arrivé depuis peu et a passé une bonne partie de la nuit dans une taverne est intrigué par ces déguisement et décide de savoir qui se cache sous ces masques. Il s'empare d'une torche et s'approche des 5 rigolos...trop près malheureusement car leurs costumes s'enflamment aussitôt (merci la poix et l'étoupe!)

Les 4 fêtards enchainés, transformés en torches humaines, ne peuvent se dépêtrer à cause des chaines.
Le roi est sauvé par sa tante, âgé de 14 ans, Jeanne de Boulogne, duchesse du Berry, qui a la présence d'esprit de l'envelopper de ses jupons pour étouffer les flammes.

Ogier de Nantouillet fini par se libérer et plonge dans une cuve où sont rincés les verres. Yvain de Foix tente d'atteindre la porte où deux valets l'attendent avec du linge mouillé : il n'y parviendra pas. Les deux autres compagnons brûlent pendant 30 minutes sous les yeux des invités et du roi. Les 4 compagnons de Charles mourront les uns après les autres après 3 jours d'une agonie terrible.

Cette fois, Charles ne se remettra jamais de cet épisode et sombre définitivement dans la folie, même s'il aura quelques accès de lucidité. Son règne se sera qu'une longue alternative de régence et retour au pouvoir.

Conséquences de la folie du roi :

En 1420, après la terrible défaite d'Azincourt, Charles signe avec Henri V d'Angleterre le traité de Troyes, par lequel il reconnait que le seul héritier de la couronne de France sera à sa mort, le roi d'Angleterre. Charles VII se retrouve donc dans une situation désespérée car défait de ses droits sur la couronne. Mais une certaine Jeanne d'Arc, considérant le traité comme nul car signé sous l'emprise de la folie, va sonner la révolte, faire couronner Charles VII et remettre la France sur le chemin de la victoire.

Si vous avez aimé cette chronique, aimez, commentez, partagez!

La semaine prochaine, je reviendrais avec une chronique sur un autre roi fou, et j'aurais du lourd, du très très lourd!


Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire