lundi 29 décembre 2014

Portrait de Roi #3 : Bernadotte ou l'ascension d'un ambitieux

Aujourd’hui, c’est lundi. Et le lundi, soit on revend ses cadeaux pourris sur Le Bon Coin, soit on lit « La petite histoire de l’Histoire »

Comme j’ai eu de supers cadeaux (parce que j’ai été très très sage), j’ai le plaisir aujourd’hui de pouvoir vous parler d’un soldat français de la Révolution qui a fini par devenir roi !

Modèle de l’ascension sociale de ces années un peu fofolles, voici les épisodes les plus marquants de la vie de Jean-Baptiste Bernadotte.



Mais qui es-tu Jean-Baptiste ?


* Il est né le 26/01/1763 à Pau, d’un père procureur.

* Comme beaucoup de garçons, il est d’abord destiné à suivre la voie paternelle, mais le droit, c’est pas drôle. Jean-Baptiste s’engage donc dans l’armée pour vivre l'aventure. Et il va être servi!

* En juin 1788, il est un jeune sergent à Grenoble quand éclate la Journée des Tuiles, prémices de la Révolution. Il est sauvé de la mort par le botaniste Dominique Villars. Et son séjour à Grenoble aura une importance capitale pour la suite!

* Après la bataille de Fleurus en 1794, il est promu général de brigade par Kleber.

* 2 mois plus tard, il est déjà général de division ! Eh oui, les guerres sont coûteuses en vie, et les survivants grimpent vite les échelons.

* En 1798, nommé ambassadeur à Vienne, il rencontre Beethoven, mais il provoque une émeute en hissant le drapeau français sur la façade de l’ambassade…maladroit le Jean-Baptiste quand on sait que le peuple a fait guillotiner Marie-Antoinette 4 ans plus tôt !

* Il épouse Désirée Clary, la première fiancée de Napoléon et devient le beau frère de Joseph Bonaparte.

* Il devient Maréchal en 1805, déjà une belle ascension en quelques années !

* Il combat à Austerlitz en 1805, mais ne prendra pas part aux batailles d’Iena, Eylaud, Friedland : le meilleur moyen de rester en vie étant de ne pas participer aux combats !

* Alors qu’il a défait les prussiens à Lubeck, il traite les prisonniers suédois avec beaucoup de dignité et de respect. Pas bête Jean-Baptiste, il vient, sans le savoir, de changer à jamais son destin.

L’accession au trône :
 
* En 1810, alors que Napoléon lui a retiré tout commandement suite à la bataille de Wagram, il erre dans Paris, sans aucune fonction. En Suède, le vieux roi Charles XIII qui a perdu tout ses fils, organise une élection pour désigner le prince héritier. Certains vétérans suédois qui n’ont pas oublié le comportement de Bernadotte pendant la guerre, lui propose d’être candidat.

* Un grenoblois qui a vécu 18 ans en Suède et qui a connu Bernadotte jeune sergent, se fait passer pour l’envoyé de Napoléon et fait campagne pour son ami sur place.

* A la surprise générale, Bernadotte est élu ! Le roi de Suède l’adopte immédiatement et en fait son héritier

* En 1811, le vieux roi Charles XIII étant sénile, c’est Bernadotte qui règne sur la Suède.

* Déçu par Napoléon qui lui refuse la souveraineté du Danemark, et désireux de récupérer la Norvège qui appartient au royaume du Danemark, il s’allie avec le Tsar Alexandre 1er, ennemi de Napoléon, et participe à la coalition contre la France en 1813.

* Il bat tour à tour ses anciens compagnons maréchaux et entre en France aux côtés de l’Angleterre, l’Autriche et la Russie.

* Il espérait prendre la place de Napoléon, mais les Alliés préfèrent restaurer  les Bourbons sur le trône de France.

* En 15 jours, il fait ensuite la conquête de la Norvège en 1814.

* Pendant les 100 jours en 1815 et le retour de Napoléon, il décide que la Suède restera neutre, et cette politique sera désormais celle du pays dans tous les conflits.

* Devenu roi de Suède et de Norvège sous le nom de Charles XIV, il meurt en 1844. Son fils Oscar lui succédera. Le roi actuel de Suède est un descendant direct de Bernadotte.

* Soldat de la Révolution, républicain convaincu, Bernadotte avait un tatouage disant « Mort aux rois ! » Ironique non?

Si vous avez apprécié ce destin particulier qui a mené un petit caporal de l'armée jusqu'au trône de Suède, aimez, commentez, partagez!

La semaine prochaine, nous reviendrons sur Saint Louis et plus particulièrement sur son côté obscur. Et j'aurais du lourd, du très très lourd.

lundi 22 décembre 2014

Une femme dans l'Histoire #2 : le combat des reines Frédégondes et Brunehaut

Aujourd'hui, c'est lundi. Et le lundi, soit on cherche comme un traitre / fourbe dans toute la maison pour trouver son cadeau de Noel, soit on lit "La petite histoire de l'Histoire"
 
Comme moi mon cadeau c'est vous, je suis heureux de pouvoir vous parler aujourd'hui de Frédégonde et Brunehaut, deux reines qui se sont fighté de manière assez gangsta pendant plusieurs années que même à côté de ça le clash entre Amélie et Nabilla dans les Anges c'est du pipi de chat.

 
 
Le Contexte :

Nous sommes en 561. Le fils de Clovis, Clotaire, meurt en laissant 4 fils. Comme le veux la tradition, le royaume Franc est alors partagé en 4.

Sigebert, l'un des fils, épouse une princesse espagnole d'une beauté incroyable : Brunehaut.

Chilpéric, le frère de Sigebert, est déjà marié à Audevère, mais il jalouse la beauté de sa belle-sœur et le prestige qu'en tire Sigebert. Chilpéric n'est pas à ça près, et il répudie Audevère. Il en profite aussi pour renvoyer aux cuisine une esclave avec qui il fricote depuis un moment : Frédégonde.

Une fois seul, le volage roi franc peut enfin épouser la sœur de Brunehaut : Galswinthe.

Nous voilà donc aux portes du drame. Deux frères rivaux, mariés à deux sœurs princesses, et pour pimenter le tout une esclave jalouse qui ne supporte pas d'avoir été écartée. Prête à tout, Frédégonde va mettre rapidement le feu aux poudres.

L'escalade de la violence :

Ne l'oublions pas, nous sommes au temps des rois francs, la violence est absolue. Frédégonde l'a compris et ne compte pas rester esclave toute sa vie.

- En 575, Frédégonde, après avoir fait tué Audevere, étrangle la pauvre Galswinthe dans son lit. Chilpéric, pas trop atteint par ce malheur, se retrouve libre et épouse immédiatement Frédégonde.

- Brunehaut, qui veut venger le meurtre de sa sœur, pousse son mari Sigebert à déclarer la guerre à Chilpéric.

- Durant une bataille, Sigebert tue son neveu, que Chilpéric avait eu d'un premier mariage, et entre dans Paris, la capitale du vaincu. Sigebert dépossède son frère de son royaume et lui pique son territoire

- Réfugiée à Tournai, Frédégonde a grave les boules! Elle dépêche alors deux assassins armés de haches enduites de poison qui vont tuer le roi Sigebert!

- Leur roi mort, les francs sont déstabilisé et Chilpéric en profite pour reprendre le pouvoir. Il fait alors emprisonner Brunehaut et ses fils. L'un d'eux, Childebert II parvient toutefois à s'enfuir.

- Brunehaut est envoyée dans un couvent à Rouen. Mais là, nouveau drame digne d'Hollywood. Mérovée, le fils de Chilpéric et Audevere, est tombé fou amoureux de sa tante sans que personne ne s'en aperçoive. Il rejoint Brunehaut à Rouen et l'épouse grâce au prêtre Pretextat.

- Furieux, Chilpéric fait enfermer son fils et le fait tondre : la punition la plus honteuse pour un Franc. Mérovée finira seul, errant et sans fortune. Un compagnon le trahira et lui plantera sa hache dans le cœur...surement sur ordre de sa belle mère Frédégonde.

- Pendant ce temps, Frédégonde, désireuse d'éliminer toute concurrence masculine pouvant prétendre à la couronne à la place de ses propres fils se débarrasse successivement de Clovis, son beau fils, et de Childebert II, le fils de Brunehaut, sa rivale.

- La terrible reine apprend dans le même temps, après avoir perdu ses 3 fils en bas âge, qu'elle est de nouveau enceinte. Elle donne naissance à un garçon. Fou de joie, Chilpéric ne profitera pas longtemps de son héritier Clotaire II, car il meurt, mystérieusement poignardé par deux inconnus au retour de la chasse...

- En 586, Frédégonde fait également empoisonner Pretextat, le moine qui avait marié Brunehaut et Mérovée.

- Frédégonde, après toute une vie de meurtres et de complots, après avoir écarté tout ceux qui la gênait à coup de poison, poignard, en étranglant, en égorgeant... et après s'être assurée que Clotaire II, son fils, soit bien proclamé roi des Francs, s'éteint tranquillement dans son lit une nuit de 597.

- Et Brunehaut me direz vous? Eh bien elle est capturée en 613, à l'âge de 70 ans, par Clotaire II, le fils de son éternelle rivale. Après l'avoir fait torturer pendant 3 jours, il la fait attacher à un cheval par une jambe, un bras et les cheveux. Le cheval fougueux et lâché, et la reine meurt alors dans d'atroces souffrances.

- Pour l'anecdote, Frédégonde est aussi la grand mère d'un roi que nous connaissons tous : le bon roi Dagobert, qui aura un caractère bien opposé à celui de son père et de la cruelle Frédégonde!

J'espère que vous aurez apprécié cette chronique digne de Dallas chez les Mérovingiens. Si c'est le cas, aimez, commentez, partagez!

La semaine prochaine, nous reviendrons sur le destin hors du commun d'un caporal devenu roi, et j'aurais du lourd, du très très lourd!



dimanche 21 décembre 2014

J'ai lu : "L'analphabète qui savait compter" de Jonas Jonassson

 
 
L'histoire :
 
Quelle est la probabilité pour que Nombeko, orpheline, noire, analphabète, née dans le plus grand ghetto d'Afrique du Sud, cherche désespérément à se débarrasser d'un colis postal contenant une bombe nucléaire et se retrouve enfermée dans un camion de pommes de terre en compagnie du roi de Suède et de son Premier ministre? Une sur quarante-cinq milliards six cent soixante-dix millions deux cent douze mille huit cent dix. Selon les calculs de ladite analphabète.
 
Mon Avis :
 
Après le très réussi et très drôle "Le vieux qui ne voulait pas fêter son anniversaire", l'auteur nous livre une autre excellente comédie se déroulant entre l'Afrique du Sud et la Suède.
 
Difficile de trouver un rapport entre la jeune analphabète héroïne de l'histoire et la Suède, mais pourtant, l'auteur, pas un tour de magie dont il est désormais coutumier, y parvient sans problème.
 
Les péripéties les plus farfelues s'enchainent à un rythme tranquille mais constant, et l'humour omniprésent nous fait passer un excellent moment. Le style est toujours aussi léger, mais pétillant, drôle, à lire souvent au second degré car plein d'ironie. Les personnages sont tous aussi déjanté que dans le précédent roman, c'est un régal de passer un moment avec eux.
 
Une fois de plus, c'est une sacré réussite. Faire rire par écrit n'est vraiment pas évident, le pari est réussi. Surtout qu'ici ce n'est pas au détriment de l'histoire. Alors bien sur tout s'enchaine de manière absolument absurde, mais pourtant ça pourrait être presque vrai. Et c'est ça qui est génial!
 
Une fois encore, l'auteur nous fait traverser plusieurs décennies et en profite pour nous donner sa vision des évènements historiques modernes que les protagonistes vivent et influent indirectement.
 
Je vous le recommande chaudement!!

lundi 15 décembre 2014

Des mots dans le temps : Quand sympathie rime avec Histoire

Aujourd'hui, c'est lundi. Et le lundi, soit on a pas de bol et on est pris en otage à Sydney, soit on est vraiment chanceux et on peut lire "La petite histoire de l'Histoire"

Comme j'ai pas les moyens d'aller à Sydney, je suis heureux de pouvoir écrire cette chronique un peu spéciale aujourd'hui.

Allez, trêve de bavardage et allons-y pour ce Hors Série "Citations".

1. Le siège de Béziers ou la Grande Boucherie :

Nous sommes en 1209. Le pape a ordonné une croisade en France contre l'hérésie Cathare très présente dans le Languedoc.

20 000 croisés se présentent devant la ville de Béziers dont ils commencent le siège. Sympa, ils conseillent aux vrais catholiques de quitter la ville pour ne pas partager le sort des cathares que l'on devine peu enviable.

Les habitants de Béziers, sûrs de leur murailles, refusent tout net.

L'assaut est alors ordonné. Les croisés, un peu embêtés, demandent au légat du Pape comment reconnaitre un Cathare d'un Catholique parce que bon, ils se ressemblent un peu quand même et on voudrait éviter de faire une boulette en tuant un bon chrétien. Arnaud Amaury, le légat du Pape, déclare alors :

" Tuez les tous, Dieu reconnaitra les siens"

Les soldats obéissent, la défense de Béziers cède et les croisés envahissent la ville, massacrant tout le monde, y compris les gens qui se sont réfugiés dans les églises. Les témoignages divergent, on fait état de 14 000 morts, 20 000 ou plus. Quoiqu'il en soit, cet épisode sanglant entre alors dans l'Histoire sous le nom de "Grand Masèl" en occitan : la Grande Boucherie.

Bien sûr, Béziers a servi d' "exemple" afin que les villes suivantes se rendent plus vite...Bel esprit  chrétien!

2. L'amour fraternel selon Charlemagne :

Retour dans le temps, nous sommes en 768. Pépin le Bref, roi des Francs s'éteint. Il a eu la bonne idée avant cela de respecter la tradition franque et a partagé son royaume en 2 parts plutôt égales entre ses deux fils : Carloman et Charlemagne.

Sauf que Charlemagne est un conquérant ambitieux. Il présage déjà qu'il ne sera pas qu'un simple roi Franc. Mais le royaume de Carloman le gène dans son expansion. On ne peut quand même pas faire la guerre à son frère? La situation ne dure pas bien longtemps : en 771 un moine se présente devant Charlemagne et lui annonce :

"Dieu vous a témoigné d'une faveur spéciale en enlevant de ce monde Carloman"

Il a bon dos Dieu tiens...le grand Charles aurait fait assassiner sans remord ce frère gênant. Enfin en tout cas, cette mort est une excellente nouvelle pour Charlemagne qui hérite du même coup de la moitié du royaume que son père avait laissé à Carloman. Pour cela, il n'hésite pas une seule seconde à spolier ses neveux qui doivent précipitamment quitter le royaume avec leur mère.

Charlemagne, lui est en passe de devenir l'empereur et d'entrer dans l'Histoire comme le père de l'Europe, continent né dans le sang d'un fratricide.

3. Louis XI ou l'amour d'un père pour sa fille

Nous sommes en 1476. Louis XI n'a plus qu'un seul fils en vie : le futur Charles VIII (mais si vous voyez qui c'est : celui qui s'est tué en se fracassant la tête contre un linteau de porte après avoir glissé sur des excréments)

Si Charles venait à mourir avant d'avoir des enfants, la couronne passerait au cousin de Charles, le beau Louis d'Orléans. Ca, Louis XI ne peut même pas l'envisager! Pourtant, c'est bien lui, le roi impitoyable, qui a pris sous tutelle cet héritier gênant quand il avait 3 ans, car le papa de Louis d'Orléans est resté prisonnier des anglais 25 ans après la bataille d'Azincourt. Mais voilà, le rêve du roi est de voir disparaitre la branche d'Orléans.

Là, ce bon vieux Louis a une idée à la fois cruelle et cynique : il décide de marier sa fille Jeanne l'Estropiée à son cousin Louis d'Orléans. Comme son nom l'indique, la pauvre jeune princesse n'est pas un parti valorisant pour Louis : bien qu'ayant un visage agréable, elle est de petite taille, voutée, a une épaule plus haute que l'autre, et boîte.

Le roi ne laisse pas beaucoup le choix à Louis mais lui offre tout de même une dot largement supérieur à la moyenne pour compenser le physique ingrat de la future mariée.

Le jour de la cérémonie, le roi Louis XI va glisser à l'un de ses proches :

"Pour ce qu'il me semble, les enfants qu'ils auront ensemble ne leur couteront pas cher à nourrir!"

Au final, en 1499, après Louis XI, Charles VIII meurt sans descendant. Louis d'Orléans va donc tout de même hériter de la couronne et devenir Louis XII. Il s'empresse de faire annuler son mariage par le Pape, arguant qu'il n'a pas été consommé : mais bien sûr...après 23 ans, on y croit à mort!

La pauvre Jeanne déclarera lors du procès pour annulation :
"Bien que je sache très bien que je ne suis ni aussi jolie ni aussi bien faite que les autres femmes le mariage a bel et bien été consommé".

Après l'annulation du mariage, Jeanne se retire au couvent à Bourges.

4. Napoléon ou le pragmatisme à toute épreuve :

Durant la nuit du 19 au 20 mars 1811, des cris de femmes résonnent dans le palais des Tuileries. L'impératrice Marie-Louise d'Autriche vit un accouchement difficile qui va durer 12h.

L'enfant se présente en effet par les pieds, et la mère et le bébé sont en danger de mort.

Napoléon fait les cent pas à l'extérieur de la chambre, et entend aux cris poussés par sa femme que tout ne se déroule pas au mieux.

Lorsqu'au petit matin Corvisart, le médecin personnel de l'empereur vient le voir, tout tremblotant, épuisé, pour lui annoncer la naissance d'un fils, Napoléon ne comprends tout d'abord pas les paroles du médecin qui a du mal à articuler avec la fatigue. Napoléon croit comprendre que l'impératrice est morte durant l'accouchement. Il lance :

"Quoi Corvisart? Elle est morte? Eh bien si elle est morte qu'on l'enterre!"

Que dire de plus? Compassion, amour, empathie...les mots me manquent!

5. Jules de Polignac, le gars qui n'a rien compris :

28 juillet 1830. Le peuple gronde et une nouvelle révolution est en marche pour chasser Charles X du pouvoir.

Le 1er ministre du roi est un aristocrate qui se nomme Jules de Polignac. Il est ultra royaliste et n'envisage pas une seule seconde que ce qu'il se passe dans la rue puisse être entendu. Il prétend également que la Vierge lui apparait tous les matins et qu'il suit ses conseils...drôle d'idée quand on voit ce qui va suivre.

Lorsque le peuple monte sur les barricade en cet été 1830, il ordonne à la troupe de tirer sur la foule. Puis, lorsqu'on vient l'avertir que la troupe a fraternisé avec le peuple, il déclare :
"Eh bien qu'on tire sur la troupe!"

2 jours plus tard, le roi est chassé de Paris, la 2e Révolution a renversé le régime en place et Jules de Polignac avec!

6. Clémenceau, le roi de la punchline :


Le 16 février 1899, le président de la République en exercice, Félix Faure, meurt au palais de l'Elysée en pleine nuit.

Comme le disent alors les journaux de l'époque, il est mort d'avoir trop "sacrifié à Vénus" : en gros, il est mort d'un orgasme fatal alors qu'il était avec sa maîtresse, Marguerite Steinheil. Pour être encore plus précis, la demoiselle était en train de lui prodiguer une spécialité buccale fort appréciée par les hommes quand Félix a eu la bonne idée de mourir, ce qui valut à Marguerite le surnom de la "Pompe Funèbre"

Georges Clémenceau, jamais avare de bons mots, et qui ne pouvait pas blairer Félix Faure a ensuite déclaré :
"Il voulut être César, il finit Pompée"

Mais aussi :
"En entrant dans le néant, il a du se sentir chez lui"
Pour bien achever le tout, Georges a encore balancé à propos de son "ami" :
"Ca ne fait pas un français de moins, mais une place à prendre"


J'espère que ce billet un peu spécial et plus long qu'à l'accoutumée vous aura plu. Si c'est le cas, aimez, commentez, partagez! Si ce n'est pas le cas, eh bien écrivez à notre service client qui se fera un plaisir de répondre à votre réclamation sous 800 jours.

La semaine prochaine, ne ratez pas le prochain épisode consacré aux femmes dans l'Histoire, car je vous raconterais la rivalité sanglante entre deux reines, et j'aurais du lourd, du très très lourd.

lundi 8 décembre 2014

L'homme qui aurait pu être roi : Henri V

Aujourd'hui, c'est lundi. Et le lundi, soit on mange les chocolats de l'avent, soit on se demande pourquoi la France est une république et pas une monarchie.

Si vous vous posez cette question saugrenue comme ça un lundi, eh bien je serais ravi de pouvoir vous présenter l'homme qui a fait foiré les derniers espoirs des royalistes en 1871 : Henri de Chambord :

 
Le contexte :
 
On a tendance à croire que la (glorieuse) révolution de 1789 a été la seule et a installé définitivement la République en France, chassant les méchants aristocrates. Eh bien non! Si on résume rapidement les choses :
 
- La 1ere république est proclamée en 1792 et va durer jusqu'en 1804
 
- De 1804 à 1815, c'est l'Empire de ce bon vieux Napoléon
 
- de 1815 à 1830, c'est la restauration : le retour au pouvoir des frères de Louis XVI, revenus d'exil. Louis XVIII et Charles X vont tenter un retour à l'Ancien Régime jusqu'à la 2e révolution.
 
- Après ce 2e coup d'éclat du peuple parisien, s'installe Louis-Philippe 1er, roi des Français (et non plus de France) qui va gouverner sous forme d'une monarchie plus ou moins constitutionnelle.
 
- 3e révolution en 1848, on dit au revoir à Louis Philippe et bonjour à la 2e république jusqu'en 1852
 
- Là, patatras, Napoléon III, neveu du 1er, proclame le 2° Empire qui va durer jusqu'en 1870 et la branlée de Sedan face aux allemands
 
Comme vous pouvez le voir, les révolutionnaires de 1789 n'avaient surement pas prévu que la France connaitrait 6 régimes différents dont 4 autocratiques...Au final, en 100 ans, les choses n'ont pas beaucoup changé...
 
En tout cas, c'est en 1870 que notre Henri a l'occasion de revenir sur le devant de la scène comme nous allons le découvrir là tout de suite maintenant.
 
Mais qui es-tu Henri?
 
- Petit fils de Charles X, il est le dernier descendant direct de Louis XV.
 
- Il est appelé "l'enfant du miracle" par Lamartine. En effet, son père est assassiné dans la nuit du 13 au 14 février 1820. La duchesse du Berry, enceinte au moment du drame accouchera sept mois et demi plus tard.
 
- Lors de sa naissance, le château de Chambord est racheté par la monarchie par souscription nationale et offert à Henri. Tout d'abord Duc de Bordeaux, il devient Duc de Chambord.
 
- En 1830, si vous avez bien suivi, c'est la 2e révolution. Charles X est chassé du pouvoir et abdique en faveur de son fils aîné. Celui-ci règne alors sous le nom de Louis XIX pendant...20 minutes! Il abdique à son tour et la couronne passe donc à notre Henri âgé de 10 ans, qui devient de fait Henri V. Il "règne" 5 jours avant que Louis Philippe ne soit déclaré roi par la Chambre des Députés.
 
- Il est ensuite chassé avec sa famille et doit s'exiler. Il vivra plusieurs années entre l'Autriche et l'Angleterre.

- Il se marie avec Marie-Thérèse de Modène, qui souffre d'une malformation osseuse de son bassin qui barre de long en large l'entrée de son utérus : impossible pour elle d'enfanter ou d'avoir des rapports sexuels : un mariage normal quoi ;-)
 
A 2 doigts d'être roi :
 
En 1871, après la chute du 2° Empire et de Napoléon III, la loi interdisant le retour en France des membres de la famille royale est abolie. Henri peut enfin revenir en France!
 
La nouvelle Assemblée compte une majorité de député royalistes! C'est l'autoroute pour lui, les députés sont prêts à voter le retour de la monarchie avec notre Henri au pouvoir.
 
Sauf que Henri, un brin têtu, refuse d'adopter le drapeau tricolore que les révolutionnaires ont imposé depuis 1789. Lui, il n'en démord pas : il veut le drapeau blanc des royalistes ou rien!
 
Les monarchistes les plus convaincus sont atterrés! En effet, ce drapeau blanc n'a jamais été le symbole de l'Ancien régime mais n'avait été utilisé que pendant la Restauration de 1815 à 1830.
 
En attendant, Mac Mahon est désigné président par l'Assemblée. On se dit qu'Henri va finir par changer d'avis. Puisqu'on ne veut pas du drapeau blanc, Henri repart en exil en Autriche.
 
En 1873, une délégation de députés se rend en Autriche rendre visite à Henri. Ils ont cru comprendre que cette fois il était prêt à prendre la couronne. Tout est prêt à Paris, on a même prévu le parcours du cortège.
 
Sauf que Henri, le 23 octobre 1873 déclare publiquement : "Le drapeau blanc ou rien!" Tête de mule le Henri!
 
Les députés, dépités (ah ah), rentrent à Paris et prolongent le mandat de Mac Mahon, instaurant ainsi le septennat qui restera en vigueur jusqu'en 2002.
 
Les républicains, eux, se frottent les mains! Minoritaires à l'Assemblée, ils ont pu, grâce à l'entêtement d'Henri, éviter le retour de la monarchie. Ils proclament en 1875 la IIIe République, qui va durer jusqu'en 1940.

Cette fois, la République s'installe définitivement en France.

Henri V, lui, va mourir en 1883, en exil à Frohsdorf en Autriche.

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La semaine prochaine, nous évoquerons quelques citations historiques sympa, et j'aurais du lourd, du très très lourd.


jeudi 4 décembre 2014

J'ai lu : "Psycho-Killer" de Anonyme

 
L'histoire :
 
Tout semble paisible à B Movie Hell (« L’Enfer du film de série B »). Jusqu’à ce qu’un tueur mystérieux – sous un masque en forme de crâne surmonté d’une crête rouge – se mette à assassiner très tranquillement certains habitants de la ville. Le FBI confie l’affaire à Milena Fonseca et Jack Munson, dit le Fantôme, deux spécialistes des opérations clandestines. Mais bientôt des liens apparaissent entre cette terrifiante série de meurtres et un projet top secret du Département d’État. Les habitants de B Movie Hell sont bien résolus à mettre fin eux-mêmes et sans l’aide de personne à cette situation cauchemardesque…
 
Mon Avis :
 
Ayant adoré la tétralogie du Livre Sans Nom, il était hors de question que je passe à côté du nouveau roman déjanté de cet auteur dont personne ne connait l'identité.
 
Addictif, drôle, jubilatoire, les mots me manquent! Si vous aimez un tant soit peu le cinéma américain des années 80/90, vous serez automatiquement happé par les références, les répliques de films glissées ici et là. Comme d'habitude, ça défouraille dans tous les sens, tous les personnages semblent sortis tout droit d'un Tarentino, et certaines sont si bien écrites qu'on a l'impression de regarder n'importe quel classique des films d'action de l'âge d'or de ces décennies.
 
Le style est hyper fluide, quelques jours suffisent pour dévorer les 400 pages qu'on ne parvient pas à lâcher tellement le rythme est soutenu. Les chapitres courts s'enchainent et il est difficile de se résoudre à poser le livre pour dormir.
 
Pas de sentiments, de l'action, un zest de polar, de l'humour, rien ne manque dans le cocktail hyper efficace de l'auteur. Et vu la fin, ça sent la suite prochainement! Encore! Encore! Encore!


lundi 1 décembre 2014

Scandale à la cour de France : l'Affaire de la Tour de Nesle

Aujourd'hui c'est lundi. Et le lundi on peut soit regarder les Feux de l'Amour si on bosse pas, soit lire cette chronique passionnante sur l'un des premiers scandale people de l'Histoire!

En effet, délaissons un peu nos rois fous pour nous intéresser aujourd'hui à une affaire qui a sérieusement ébranler (sans jeux de mots) la monarchie française au 14e siècle : L'Affaire de la Tour de Nesle

La Porte et la Tour de Nesle, sur le quai en face du Louvre
 
Le contexte :
 
Nous sommes en 1314. Le roi de France s'appelle Philippe IV, que l'on nomme "Le Bel". Il a 3 fils, qui deviendront tour à tour rois : Philippe, Charles et Louis (souvenez vous, celui qui est mort d'avoir bu du vin glacé!)
 
Philippe et Charles sont mariés respectivement avec les 2 sœurs de Bourgogne Jeanne et Blanche, tandis que Louis a épousé Marguerite de Bourgogne, fille de Mahaut d'Artois.
 
Elles ont entre 18 et 23 ans,  elles sont belles, et elles font souffler sur la cour de France un vent de gaieté innocente. Enfin...pas si innocentes que ça les donzelles, comme nous allons le voir.
 
Les 3 princes ont une sœur, Isabelle de France, qui a épousé le roi d'Angleterre et envoie régulièrement des cadeaux à ses belles-sœurs, dont une aumônière chacune.
 
Cette année là, grand évènement rarissime : le roi d'Angleterre vient rendre visite à son homologue français. Isabelle va revoir son pays et ses frères. Clou de la visite officielle : Philippe le Bel arme chevalier ses 3 fils et deux nobles, frères également : Philippe et Pierre Gauthier d'Aulnay.
 
Isabelle assiste à la cérémonie et son œil de femme repère immédiatement que les aumônières qu'elle avait offerte à ses belles sœurs sont accrochées à la ceinture des frères d'Aulnay. Maline la rouquine, elle devine qu'il y a anguille sous roche, ou plutôt poulpe sur moule dans le cas présent. Faut dire aussi qu'Isabelle elle s'y connait en adultère, elle qui ne voit pas bien souvent son roi de mari dans son lit, mais plutôt dans le lit des jeunes hommes anglais de la cour...
 
Elle rentre en Angleterre sans rien dire, mais (attention alerte cliché misogyne) c'est une femme. Elle ne parvient donc pas à garder ce terrible secret (fin de l'alerte cliché misogyne). Elle écrit à son père un billet où elle indique "Mon père, vos belles filles ont des amants". Sobre, concis, mais efficace.
 
Le Philippe, il est gentil, mais faut pas lui chatouiller les moustaches. Il a déjà fait tomber l'ordre des Templiers, conduit au bûcher le grand maître de cet ordre surpuissant, livrer des guerres un peu partout, il ne compte pas laisser trainer dans la boue l'honneur des Capétiens. En effet, si on apprend que les reines batifolent, le risque est de remettre en question la légitimité des futurs petits héritiers.
 
Très vite, Philippe le Bel fait arrêter les frères d'Aulnay et commence alors une enquête minutieuse...Non je déconne...En réalité, les deux jeunes nobles sont torturés et finissent par avouer ce que Blanche et Marguerite ont déjà révéler à leur beau père : Oui, depuis 2 ans, elle recevaient à la Tour de Nesle les deux beaux jeunes hommes pour des 5 à 7 torrides. Le roi de France est furieux, y compris contre Jeanne qui n'a rien fait d'autre que de se taire alors qu'elle savait tout depuis le début.
 
Le dénouement de l'affaire :
 
Marguerite et Blanche sont tondues, vêtues de robe de bure et conduite dans un chariot surmonté de toiles noires à la forteresse de Château Gaillard où elles sont jetées dans deux cellules froides et humides.
 
Marguerite, la femme de Louis X, mourra l'année suivante en 1315. Officiellement de maladie...officieusement, son mari aurait décider d'étouffer l'affaire et sa femme avec, entre deux matelas.
 
Blanche, lorsque Charles devient roi en 1322, est toujours prisonnière. Elle accepte l'annulation de son mariage et fini ses jours en 1326 à l'abbaye de Montbuisson.
Quant aux frères d'Aulnay, ils vont payer cher le plaisir qu'ils ont pris avec les sœurs adultères. Ils sont évidemment affreusement torturés puis condamnés à mort.
 
Devant des milliers de spectateurs, Philippe et Pierre-Gauthier sont hissés sur une estrade. Là, le bourreau les émascule puis jette leur sexe aux chiens. Toujours vivants, ils sont ensuite attachés à des chevaux puis trainés sur des tiges de paille fraichement coupées et pointues. Les deux frères n'ont toujours pas rendu l'âme.
 
Le bourreau les remonte sur l'estrade, les écorche vif, fait couler du plomb soufré en ébullition sur leurs blessures puis leur coupe la tête. Leurs corps sont ensuite pendus par les aisselles au gibet de Montfaucon
 
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La semaine prochaine, nous parlerons d'un gars qui est passé pas loin du retour gagnant..(teasing). Et j'aurais du lourd, du très très lourd!


dimanche 30 novembre 2014

J'ai lu : "Waylander III, Le Héros dans l'Ombre" de David Gemmell

 
 
L'histoire :
 
À l’automne de sa vie, Waylander cherche la paix, mais les crimes du passé reviennent le hanter… Des créatures légendaires ravagent le monde. Cette fois, aucune armée ne pourra s’y opposer. Quelques héros décident de lutter contre ce fléau avec, à leur tête, un mystérieux Homme Gris aux mains couvertes de sang, connu chez les Drenaïs comme le héros assassin. Pour venir à bout de ce mal, Waylander, prince des tueurs, devra tuer un homme qui ne peut pas mourir.
 
Mon Avis :
 
Après deux premiers volumes plutôt pas mal fichus, je me suis précipité sur celui-ci, confiant et motivé.
Sauf que comme souvent dans une saga dont les suites ont été faites sur commande de l'éditeur, l'histoire n'est carrément pas à la hauteur. L'intrigue est fine comme du papier cigarette, et Waylander ne fait que tuer à la chaine des groupes de gens, un peu toujours de la même manière.
Les héros qui le secondent n'ont pas le charisme des précédents volume, on a même l'impression que Yu-Yu ressemble à Jar-Jar Binks...autant dire que la comparaison n'est pas flatteuse.
 
Le coup du portail inter-dimensionnel fait penser à la sage de la Faille, mais en moins réussi. On ne comprend pas bien les motivations des méchants, et d'ailleurs, comme toujours, certains d'entre eux vont finalement devenir gentils. Mais là aussi c'est raté. D'habitude, on s'attache à eux aussi, on comprend leur ambivalence et leur repentance. Là, rien...on ne ressent rien pour eux.
 
La fin reste la partie la plus réussie du roman. Il était temps que ça s'arrête.
 


lundi 24 novembre 2014

Portrait de Roi #2 : Charles II d'Espagne

Aujourd'hui, c'est lundi. Et le lundi quand il fait gris, rien de mieux qu'une petite lecture ludique et culturelle!

Le billet du jour fera exception à la règle puisque nous découvrirons le destin d'un roi d'Espagne et non pas de France.

Penchons nous sur le malheureux Charles II, dit "l'Ensorcelé". Pourquoi lui? Eh bien je vous avais promis le portrait d'un roi fou, et lui le pauvre de ce côté là n'était sacrément pas gâté!

 
Mais qui es-tu jeune Charles?
 
- Il né à Madrid le 6 novembre 1661. Il est l'héritier de la prestigieuse maison de Habsbourg qui règne sur l'Espagne depuis 150 ans et qui considéré comme la monarchie la plus puissante d'Europe.
 
- Un peu comme d'habitude à l'époque, son grand frère est mort à 16 ans de l'appendicite, c'est donc bien Charles qui est destiné à régner après son père Philippe IV.
 
- Fruit d'une union plusieurs fois consanguine, Charles né lourdement handicapé. Ses grands parents paternels étaient à la fois cousins et petits cousins, du côté maternels ils étaient cousins. Il est ainsi issu de 3 mariages oncles / nièces...L'une de ses aïeule s'appelait Jeanne la Folle...
 
- Cette tendance un peu dégoutante a produit sur le pauvre enfant des effets désastreux : il né maladif, rachitique et débile. Il est atteint de prognathisme et sa langue est si grosse qu'il bave énormément. Plus tard, cet handicap l'empêchera tout sa vie de parler distinctement. Il a de plus hérité de son père une syphilis congénitale qui lui provoque de graves troubles neurologiques.
 
- Son état entraîne de graves retard de développement : il ne parle qu'à 4 ans, ne marche qu'à 8. A 10 ans, il ne sait pas lire. A sa mort, il ne savait toujours pas lire ni écrire...
 
- Il a seulement 4 ans lorsque son père meurt. Et vu son état de santé, toute les cours d'Europe cherche déjà comment mettre la main sur la couronne d'Espagne, présageant une mort rapide du jeune garçon. Une empathie des autres rois qui fait plaisir à voir!
 
- Il atteint pourtant 18 ans, et se marie avec la nièce de Louis XIV, Marie-Louise d'Orléans. Celle ci meurt 10 ans plus tard, laissant Charles dans un état de profonde dépression...
 
- Bon, pas si profonde que ça la dépression, car Charles se remarie 6 mois plus tard avec Marie-Anne de Neubourg.
 
- Imberbe (sa puberté n'a pas eu lieu), stérile et impuissant, le roi ne parvient pas à avoir d'enfants, la succession d'Espagne va être l'occasion de guerres entre les autres rois d'Europe.
 
- Il parle très mal espagnol, utilisant le plus souvent le français qu'il maîtrise mieux...mais comme personne ne comprend ce qu'il dit...
 
- Ses contemporains le décrivent comme quelqu'un de sincère, rieur et gentil, au caractère enfantin. Il mesure 1m92 (un géant pour l'époque!), et son extrême habileté à l'escrime est reconnue dans toute l'Europe. Il est toutefois incapable de se concentrer sur la moindre chose, et n'a aucune notion de sa richesse, de son territoire, ou même du temps qui passe.
 
- Il a de long cheveux blond naturels car le fait de mettre une perruque (usage de l'époque) lui faisait peur. Il ne supporte pas que quelqu'un mette les mains au dessus de sa tête.
 
- A partir de 1696, il fait de plus en plus de crises d'épilepsie : 6 par jour. Les deux derniers mois de sa vie, il en fait 25 par jour.
 
- En 1697, il commence à souffrir d'hallucinations lui faisant voir des bêtes démoniaques. Il tue notamment un courtisan qu'il avait pris pour un loup...(Charles VI sort de ce corps!)
 
- A partir de 1698, il souffre de migraines terribles qui l'empêchent de sortir et saigne fréquemment du nez. Il ne tient plus que difficilement debout.
 
- Il meurt à 39 ans, en 1700, après de longs mois d'agonie et de souffrances entrecoupée de délires.
 
- La ville de Charleroi en Belgique a été nommée ainsi pour lui rendre hommage en 1666 (la Belgique faisait partie du Royaume espagnol)
 
Après sa mort :
 
Aucun héritier, et une couronne qui attise les convoitises! Charles II laisse l'Espagne a la merci de l'appétit des souverains voisins qui rivalisent d'imagination pour s'emparer du royaume et de ses richesses venant du Nouveau-Monde.
 
C'est finalement Louis XIV qui, le plus malin, emporte la partie en réussissant à placer son petit fils Philippe, 2e fils du Grand Dauphin, sur le trône espagnol sous le nom de Philippe V.
 
Ce roi met les Bourbons français au pouvoir...jusqu'à nos jours! En effet, le roi d'Espagne actuel est un descendant direct de Philippe V et donc de Louis XIV!

La semaine prochaine, changement de pays, nous revenons en France et j'aurais du lourd, du très très lourd!

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lundi 17 novembre 2014

Portrait de Roi #1 : Charles VI "Avant j'étais schyzophrene, mais maintenant nous allons mieux"

Aujourd'hui c'est lundi, et le lundi c'est pourri. Sauf si par dépit, par ennui ou par envie, tu viens ici lire ceci.

Nous parlerons aujourd'hui de Charles VI, dit "le Bien Aimé" dans la première partie de sa vie, puis "Le Fou" dans la seconde...Eh oui, entre temps, ce pauvre Charles a disons-le quelque peu pété un câble.

Avant d'aller plus loin, voici un portrait de notre ami royal du jour :

 
Mais qui es-tu Charles?
 
- Il est né le 3 décembre 1368 et devient roi de France en 1380, à la mort de Charles V, son père.
 
- Nous sommes en pleine Guerre de Cent Ans, et Charles démarre plutôt bien son règne : victoire à la bataille de Roosebeck, restauration de l'autorité royale, prise de possession de la Flandre, alliances matrimoniales startégiques...bref, tout se passe bien jusqu'en 1392...

1ere crise de folie :

Nous sommes au mois d'aout 1392. Il fait très chaud et Charles se sent fiévreux. Il décide tout de même de se rendre en Bretagne en passant par Le Mans, où la plus grande partie de son armée est stationnée.

Malgré la température estivale, Charles est vêtu d'un surcot (sorte de robe courte) en velours noir et de chausses noires, la tête couverte d'un chaperon rouge écarlate également en velours...Il doit transpirer comme un porc le gredin...Ses commandants et princes chevauchent loin en arrière, officiellement pour ne pas l'incommoder, officieusement surement à cause du comportement déjà chelou du roi.

Un vieil homme en tunique blanche genre Père Fourras sort alors du bois et empoigne la bride du cheval de Charles en lui criant "Arrête, noble roi, ne passe outre, tu es trahi". Les Princes parviennent à éloigner le vieil homme mais ne le chasse pas du convoi. Et le gars va passer encore 30 minutes à crier de l'arrière de la troupe : Michel Relou, c'est lui! On se doute que les paroles de l'homme ont du commencer à faire cogiter le roi.

Alors que tout le monde traverse une plaine en plein soleil, un page qui porte la lance du roi s'assoupi et la lance vient frapper le casque d'un autre page. Charles VI, sortant de sa torpeur, sursaute, se met à hurler et de la pointe de son épée frappe les deux pages en criant :"Sus! Sus aux traitres!"

Puis, dans un état de démence, il se précipite sur Louis d'Orléans, son frère qui parvient de justesse à éviter les coups.

Charles va tout de même tuer encore 4 gardes avant d'être maitrisé par un Prince.

On lui ôte doucement ses armes, on l'allonge. Il ne parle plus et ne reconnait plus personne, pas même son frère...Les Princes le ligote sur un chariot pour la fin du trajet. Charles va rester inconscient durant 2 jours puis se remet.

2e crise de folie "Le Bal des Ardents":

Nous sommes cette fois en 1393. Le roi va mieux, et en janvier il décide d'organiser un Charivari, sorte de bal costumé. Oui, il est comme ça Charles, il aime s'amuser.

Le 28 janvier à l'Hôtel Saint Pol donc, pour les noces d'une demoiselle d'honneur de la reine Isabeau de Bavière, se succèdent fêtes et banquets. Au soir, les convives se mettent à danser au son des musiciens conviés pour l'occasion.

Charles VI étant un amuseur de première classe a une idée fabuleuse pour amuser la Cour et animer la fête. Il décide avec 4 compagnons de se déguiser en sauvages. Milon, comte de Joigny, Yvain de Foix, Ogier de Nantouillet, Aymard de Poitiers et Charles s'enduisent de poix recouvert de plumes et de poils d'étoupe avant de se lier les uns aux autres par des chaînes, sauf Charles qui ne s'attache pas...et nous verrons qu'il a eu le nez creux...

Au milieu de la nuit, et alors que les lumières s'éteignent, la fête bat son plein. Les 5 sauvages entrent dans la salle du bal et commencent à danser en criant tels des sauvages. D'abord surpris, les invités se prêtent finalement au jeu.

Le frère du roi, qui est arrivé depuis peu et a passé une bonne partie de la nuit dans une taverne est intrigué par ces déguisement et décide de savoir qui se cache sous ces masques. Il s'empare d'une torche et s'approche des 5 rigolos...trop près malheureusement car leurs costumes s'enflamment aussitôt (merci la poix et l'étoupe!)

Les 4 fêtards enchainés, transformés en torches humaines, ne peuvent se dépêtrer à cause des chaines.
Le roi est sauvé par sa tante, âgé de 14 ans, Jeanne de Boulogne, duchesse du Berry, qui a la présence d'esprit de l'envelopper de ses jupons pour étouffer les flammes.

Ogier de Nantouillet fini par se libérer et plonge dans une cuve où sont rincés les verres. Yvain de Foix tente d'atteindre la porte où deux valets l'attendent avec du linge mouillé : il n'y parviendra pas. Les deux autres compagnons brûlent pendant 30 minutes sous les yeux des invités et du roi. Les 4 compagnons de Charles mourront les uns après les autres après 3 jours d'une agonie terrible.

Cette fois, Charles ne se remettra jamais de cet épisode et sombre définitivement dans la folie, même s'il aura quelques accès de lucidité. Son règne se sera qu'une longue alternative de régence et retour au pouvoir.

Conséquences de la folie du roi :

En 1420, après la terrible défaite d'Azincourt, Charles signe avec Henri V d'Angleterre le traité de Troyes, par lequel il reconnait que le seul héritier de la couronne de France sera à sa mort, le roi d'Angleterre. Charles VII se retrouve donc dans une situation désespérée car défait de ses droits sur la couronne. Mais une certaine Jeanne d'Arc, considérant le traité comme nul car signé sous l'emprise de la folie, va sonner la révolte, faire couronner Charles VII et remettre la France sur le chemin de la victoire.

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La semaine prochaine, je reviendrais avec une chronique sur un autre roi fou, et j'aurais du lourd, du très très lourd!


jeudi 13 novembre 2014

J'ai lu : "Waylander II, Dans le Royaume du Loup" de David Gemmell




 
L'histoire :
 
Il venait d'un enfer de souffrance et entra dans un monde de mort. Dans les monts de Skeln, Dakeyras l'homme des bois et sa ravissante fille Miriel vivent dans la solitude et l'harmonie. Ils ne savent pas qu'un groupe de guerriers sanguinaires rôde dans les montagnes. Des hommes qui n'ont jamais connu la défaite, pour qui la vengeance et la torture sont comme la viande et la boisson. Pour dix mille pièces d'or, ils sont prêts à tuer l'homme des bois. Ces combattants endurcis n'ont pas peur de cette mission... Ils devraient. Car Miriel est une fille de feu et d'acier, maîtrisant l'arc et l'épée grâce à l'enseignement du plus mortel assassin qui ait jamais vécu : son père, mieux connu sous le nom de... Waylander!
 
Mon Avis :

Que dire? C'est du Gemmell, ça résume tout. Ah...tu n'as jamais lu de Gemmell, toi lecteur débutant ou voyageur du Net tombé sur cette page en cherchant tout à fait autre chose? Alors laisse moi te guider vers le bonheur absolu en Fantasy.

On est loin de l'univers fouillé et réaliste de la saga du Trône de Fer bien sûr. Lire un roman de David Gemmell, c'est un peu comme quand tu vas chez ta mémé. Tu sais exactement à quoi t'attendre, il n'y aura pas de surprise, tu n'auras qu'à te laisser prendre en charge, mais c'est exactement ça que tu vas aimer, ce goût de connu et d'agréable.

Ici, l'auteur ne déroge pas à la règle : un héros vieillissant, des méchants pas trop méchants qui deviennent gentils, des méchants vraiment méchants qui restent méchants, des prophéties qui s'accomplissent quoi qu'on fasse, des sièges de châteaux à 50 contre 1 que les défenseurs n'ont aucune chance de s'en sortir mais ils s'en sortent quand même...bref, sans spoiler, tu connais déjà les 3/4 du bouquin.

Alors pourquoi mettre une très bonne note et une critique positive? Eh bien parce que comme je l'ai dit plus petit chenapan, ça fait quand même du bien de lire ce genre de livre. Gemmell sait rendre ses histoires totalement épique, et puis on a envie de savoir là génèse de la saga Drenaïe (ça c'est pour ceux qui connaissent). L'histoire se déroule 10 ans après le premier volume, et on retrouve peu de personnages...vu qu'ils sont presque tout morts...bref, Waylander est toujours aussi cool et éclipse une grande partie des personnages secondaires. C'est par contre avec un plaisir certain que l'on retrouve l'Ordre des Trente et Dardalion.

La lecture est hyper simple, et tu ne seras pas déstabilisé lecteur, car Gemmell saura te tenir en haleine, même si tu as deviné la fin dès la 3e page.

Je me jette sur le volume 3 et je reviens!



lundi 10 novembre 2014

Une femme dans l'Histoire #1 : Élisabeth-Charlotte du Palatinat, dite la "Palatine"

Aujourd'hui, c'est le 10/11 et il y a ceux qui font le pont et ceux qui bossent comme des nuls avant de se reposer demain. Quoiqu'il en soit, vous pouvez légitimement occuper ce jour férié souvent maussade en lisant cette chronique pleine de chose rigolote.

En effet, nous parlerons aujourd'hui d'une femme au caractère fort et qui est pour moi l'un de mes personnage historique préféré : Elisabeth-Charlotte du Palatinat, dite "La Palatine". Pourquoi elle? eh bien tout simplement parce que dès son arrivée en France, elle a entretenu avec sa tante Sophie une correspondance franchement drôle! Compilation des meilleurs extraits.

 
Mais qui es-tu Elisabeth-Charlotte?

- Princesse allemande, elle né le 27 mai 1652, elle a écrit près de 60 000 lettres! La plupart étaient destinées à sa tante Sophie qui lui fit office de mère par procuration après le divorce de ses parents. Ses proches la surnomment "Liselotte"
 
- En 1671, elle épouse Philippe d'Orléans, le frère de Louis XIV. Mariage purement politique car personne ne l'ignore à la Cour, Philippe préfère de loin les hommes. Il se farde le visage, ne porte que des chaussures à très haut talon, bref, la pauvre Elisabeth a épousé Vincent McDoom!
 
- Lors de son mariage, elle se décrit ainsi : "J'ai toujours été laide, j'ai une grande bouche et les dents gâtées". Mais elle est pleine d'esprit, et c'est ce qui lui attirera toute sa vie le respect de Louis XIV
 
- Son mari n'est pas le seul à être adepte du "vice italien". Elle parle ainsi de la Cour : "Celui qui voudrait détester tout ceux qui aiment les garçons ne pourrait pas ici aimer six personnes. Certains haïssent les femmes comme la mort et ne peuvent aimer que les hommes. D'autres aiment les hommes et les femmes. D'autres aiment seulement les enfants de dix ou onze ans, d'autres les jeunes gens de dix-sept à vingt-cinq ans. Il y en a d'autres qui n'aiment ni les hommes ni les femmes et se divertissent tout seul. Enfin, il y a ceux qui se débauchent avec tout ce qui leur tombe sous la main : animaux et hommes..."
 
- Liselotte ne supporte pas la maîtresse de Louis XIV, Mme Maintenon. Voici ce qu'elle dit d'elle dans ses courriers : "La vieille conne est plus âgée que moi, j'espère donc que j'aurais avant ma fin le plaisir de voir crever la vieille diablesse"
 
- Lorsque meurt Louvois, le ministre de Louis XIV, elle ne peut s'empêcher d'écrire : "Pour ma part, j'aurais préféré qu'une vieille conne fut crevée que lui, car elle va être à présent plus puissante que jamais et sa méchanceté se manifestera de plus en plus"
 
- Lorsque Louis XIV impose de marier sa fille bâtarde Mle de Blois au fils d'Elisabeth et Philippe, elle explose de colère et gifle son fils d'avoir accepté de telle fiançailles déshonorante! Elle dira : "Ma belle-fille ressemble à un cul comme deux gouttes d’eau!" Sympa les relations belle-mère / belle-fille!
 
- La classe allemande : Elle décrit ainsi dans un courrier avec une joyeuse insouciance les pets tonitruants qu'elle échangeait avec son mari en s'esclaffant. Leur fils, le duc de Chartres, s'exclame alors : "S'il en est ainsi, j'en ai autant envie que Monsieur et Madame". "Et son pet avait été le plus sonore". Liselotte conclu ainsi : "Ce sont des conversations princières. Si des curieux ouvrent mes lettres, j'offre cet encens en étrennes au premier qui ouvre et lit cette lettre avant vous ma tante"
 
- Après avoir attrapée la petite vérole et en avoir guérie en ne suivant pas le traitement des médecins, elle devient encore plus laide : "Je suis carrée comme un dé. Ma peau est d'un rouge tacheté de jaune, je commence à grisonner, mon front et mes yeux tout ridés, mon nez toujours aussi de travers mais très brodé par la variole, ainsi que mes deux joues. J'ai les joues plates, un double menton, les dents gâtées : voyez ma jolie figure!"
 
- La reine du détail scatologique : Les châteaux à l'époque ne sont pas les temples de l'intimité tant la Cour est nombreuse. Elle écrit à sa tante les difficultés à faire ses besoins en toute tranquillité : "Tout le monde nous voit chier : Impossible de s'installer sur sa chaise percée sans qu'il y passe des hommes, des femmes, des filles, des garçons, des abbés, des Suisses." Elle envie ainsi sa correspondante : "Vous êtes bienheureuse d'aller chier quand vous voulez! Chiez donc tout votre chien de soûl!" Liselotte, inspirée, continue ainsi : "Nous n'en sommes pas de même ici, où je suis obligée de garder mon étron pour le soir; il n'y a point de frottoir aux maisons du côté de la forêt. J'ai le malheur d'en habiter une, et par conséquent le chagrin d'aller chier dehors, ce qui me fâche, parce que j'aime chier à mon aise, et je ne chie pas à mon aise quand mon cul ne porte sur rien. Soyez à table avec la meilleure compagnie du monde; qu'il vous prenne envie de chier, il faut aller chier. Soyez avec une jolie fille ou femme qui vous plaise; qu'il vous prenne envie de chier, il faut aller chier ou crever. Ah! maudit chier! Tout l'univers est rempli de chieurs, et les rues de Fontainebleau de merde, principalement de la merde de Suisse, car ils font des étrons gros comme vous, Madame."
 
Sa mort :
 
Liselotte s'éteint en 1714. Malgré sa descendance limitée, elle est l'aïeule de la plupart des pinces et princesses catholique : famille royale de Belgique, de Bulgarie. Elle est aussi l'arrière grand mère des empereurs Joseph II et Léopold II, de Marie-Antoinette. De manière plus lointaine, elle est aussi l'aïeule de Marie Louise, la seconde épouse de Napoléon!
 
Personnage truculent, la Palatine a fait l'objet de plusieurs ouvrages que je vous conseille de vous procurer pour en savoir plus sur celle que certains appellent "la commère de Versailles".
 
Si cette chronique vous a plu, aimez, commentez, partagez! Il n'est pas exclu que je fasse d'autres articles prochainement sur des personnages féminin ayant laissé leur empreinte dans l'Histoire de France.
 
La semaine prochaine, un billet sur un tout autre thème, et j'aurais du lourd, du très très lourd!

lundi 3 novembre 2014

Les Rois qui ont eu une mort nulle #Bonus : Richard Coeur de Lion "Sortez couverts!"

Aujourd'hui, pour ce dernier épisode "bonus", je vous parlerais non pas d'un roi de France, mais d'un roi d'Angleterre dont le surnom évoque aussitôt un camembert : Richard 1er, dit Richard Cœur de Lion.

Pourquoi un épisode sur ce roi? Eh bien tout simplement parce qu'il est mort de manière idiote en France.

 
 
Mais qui es-tu Richard?
 
 
- Il est né le 8 septembre 1157 à Oxford. Richard est le fils de Henri II d'Angleterre et d'Aliénor d'Aquitaine. Sa mère, française, a d'abord été l'épouse du roi de France Louis VII. Elle est donc la seule femme a avoir été Reine de France puis Reine d'Angleterre.
 
- Il est tout d'abord promis à Alix, fille de Louis VII. Mais une fois la pauvre jeune femme en Angleterre, le propre père de Richard va abuser d'elle et en faire sa maitresse. Richard a légitimement les boules et se révolte contre son père mais finira par se soumettre en 1173, renonçant également à son mariage avec Alix. Il épousera finalement Bérangère de Navarre mais n'aura aucun enfants.
 
- Le fils à sa maman : il n'est pas destiné à régner, et pourtant, il est le fils préféré d'Aliénor qui lui donne une éducation élargie à des domaines culturels peu habituels pour des rois à l'époque. Richard sait en effet parler plusieurs langues, et il est un poète et écrivain reconnu. Après la mort de ses deux frères ainés, il devient roi en 1189.
 
- Lors de sa révolte contre son père, et au cours d'une bataille, il se retrouve face à Guillaume le Maréchal, réputé pour être le meilleur chevalier d'Europe. Richard est de plus désarmé. Il doit supplier son adversaire pour avoir la vie sauve.
 
- Lors de la 3e croisade en 1191, il se rend tristement célèbre en faisant massacrer 3000 prisonniers musulmans après la chute de St Jean d'Acre.
 
- De 1192 à 1194, il est prisonnier d'Henri VI, l'empereur du Saint Empire Germanique. Sa mère va réunir péniblement la rançon permettant de le libérer, équivalent à 2 années de recette du royaume d'Angleterre! C'est Aliénor elle même qui va transporter et remettre la rançon.
 
- En 1196, lors du siège de Gaillon dans l'Eure, il reçoit un carreau d'arbalète dans le genou et son cheval est tué. Il aurait dû commencer à se méfier comme nous allons le voir plus loin...
 
- Il est respecté par ses ennemis, comme le chef des musulmans Saladin, qui reconnaissent en lui un combattant et un stratège hors norme.
 
- Afin de démontrer leur bonne entente, Philippe Auguste, roi de France, et Richard qui se connaissent depuis l'enfance, dorment dans le même lit lorsqu'ils se rencontrent! Il se murmure qu'il y avait plus que de l'amitié dans ces nuits communes... Rumeur ou vérité, il n'en demeure pas moins que Richard n'a jamais mis beaucoup d'entrain à voir sa femme et encore moins lui faire des enfants. La théorie d'un roi bisexuel fait son chemin chez les historiens, même si la vérité ne sera jamais connue.
 
Sa mort :
 
Comme nous l'avons vu, Richard n'a pas peur de grand chose et a déjà été blessé lors du siège de Gaillon.
 
Une fois libéré de son cachot germanique, Richard va s'employer à récupérer  les territoires que Philippe Auguste lui a piqué durant sa captivité, et pendant 5 ans, il va enchainer les sièges de châteaux et batailles...jusqu'au 6 avril 1199.
 
Ce jour là, Richard Cœur de Lion assiège le château de Chalus en Haute-Vienne. Il décide de faire un peu la mariole en inspectant ses lignes, sans armure. Un chevalier de petite noblesse française, Pierre Basile, le prend en joue avec son arbalète et l'atteint à l'épaule.
 
La blessure n'est pas très grave, mais le médecin qui soigne Richard est maladroit : il casse la flèche avant de l'extraire. Le carreau étant en forme de losange à quatre pans, il doit largement incisé pour le retirer. La blessure est alors colmatée par du gras de lard... Evidemment, quelques jours plus tard, la gangrène se déclare.
 
Mercadier, qui dirige l'armée de Richard, lance alors l'assaut sur le château et tue tout ses occupants sauf Pierre Basile qui est amené devant le roi qui agonise :
 
"Quel mal t'avais-je fait? lui demande Richard. Pourquoi m'as-tu tué?
- Vous aviez bien vous tué de votre main mon père et mon frère! J'ai pris ma revanche" lui répond le jeune chevalier d'après les chroniqueurs anglais.
 
Richard décide alors de libérer Pierre Basile et ordonne qu'on lui donne même de l'argent.
Sentant sa fin proche, il fait appeler sa mère, qui à 80 ans, traverse la moitié de la France pour venir au chevet de son fils. C'est elle qui, le cœur brisé, lui ferme les yeux onze jours après qu'il ait reçu le carreau d'arbalète. Richard s'éteint à 41 ans, d'avoir voulu faire le beau devant ses soldats.
 
Pierre Basile, lui, sera vite rattrapé par Mercadier, écorché vif puis pendu.
 
Philippe Auguste, apprenant la mort de son ancien ami mais rival, dira : "Moi je suis sain et sauf, je suis vivant et Roi de France"
 
Richard Cœur de Lion, n'ayant pas eu d'enfants, c'est son frère Jean Sans Terre qui montera sur le trône. Et si vous connaissez l'histoire de Robin des Bois, vous connaissez sans doute cette partie là!
 
C'était le dernier épisode de la série de l'automne sur les rois qui ont eu une mort nulle. Dès la semaine prochaine, je vous donne rendez-vous pour une chronique hors série, et j'aurais du lourd, du très très lourd.
 
Si cette série vous a plu, parlez en à vos voisins, vos amis...Et si vous n'avez pas de voisins et pas d'amis, alors laissez un commentaire, ça fait toujours plaisir.
 
Aimez, commentez, partagez!
 
 

mercredi 29 octobre 2014

Les Rois de France qui ont eu une mort nulle #6 : Louis XVI "On raccourci derrière la nuque?"

On est "presque" lundi, jour de la chronique Histoire. Presque car lundi, disons que j'ai eu un piti soucis de santé qui m'a empêché d'écrire, puisque je pleurais ma race par terre après m'être fait un lumbago...

Aller, aujourd'hui, on s'attaque au plus connu des rois, celui qui a eu le prestige de clore la période de l'Ancien Regime : Louis XVI

Pas de suspens sur les causes de sa mort, nous l'avons tous appris à l'école. Mais je vais revenir sur 2/3 détails de l'Histoire comme dirait un borgne célèbre, qui devrait vous amuser.

 
Mais qui es-tu Louis?
 
- Il est né le 23 aout 1754, et il est le fils du Dauphin Louis-Ferdinand et de Marie-Josephe de Saxe. Il est donc le petit fils de Louis XV
 
- Son père et son frère ainé meurent de la tuberculose, il devient ainsi dès 1765 le Dauphin, puis roi en 1774 lorsque son grand-père meurt de la variole. Louis XVI, déjà marié à Marie Antoinette dira "Mon Dieu, protégez nous! Nous sommes trop jeunes pour régner!" En effet, rien ne le préparait à régner, puisqu'il n'était que 3e dans l'ordre de succession.
 
- Il est très grand pour l'époque : 1m93, et doté d'une sacré musculature. Il fait régulièrement le mariole en soulevant à bras tendu une pelle dans laquelle est assis un page.
 
- Le 16 mai 1770, à 15 ans, il se marie Marie-Antoinette, 14 ans. Un petit mariage en toute intimité au château de Versailles, réunissant à peine 5000 invités... Quelques jours plus tard, le feu d'artifice tiré pour l'occasion vers l'actuelle Place de la Concorde, provoquera la mort de 130 personnes après qu'une fusée défaillante se soit écrasée dans la foule.
 
- Bien que tous les témoins les ait vu se coucher ensemble le soir même, le mariage ne sera réellement consommé que 7 ans plus tard! La faute à un petit défaut anatomique de Louis XVI : un resserrement du pénis l'empêchant d'aller au bout du bout (son frein était trop court). Après une conversation d'homme à homme avec son beau frère Joseph, Louis XVI accepte l'opération qui va le libérer.
 
- Son manque d'intérêt pour les affaires de l'Etat, il préférait de loin la chasse et bricoler dans son atelier, lui fera changer plusieurs fois de ministres, sans jamais voir que la France était au bord du gouffre. Attentiste, manquant de fermeté et de vision réformatrice, il ne verra pas non plus venir la Revolution.
 
Sa mort :
 
Condamné à mort par les députés après sa tentative de fuite, Louis XVI est exécuté place de la Concorde le 21 janvier 1793.
 
Ce jour là, la neige recouvre Paris. Les spectateurs ont commencé à prendre place depuis 1h du matin! Ce n'est pas tous les jours qu'on exécute un roi. A 5h, le Roi est réveillé, puis est autorisé à prier. A 8h, on l'emmène dans un carrosse entouré de 1500 soldats!
 
Le trajet dure 2h entre la Prison du Temple et la place Louis XV. L'échafaud est peint en rouge et encerclé de 20 000 soldats. Louis XVI déclare : "Nous voilà arrivés si je ne me trompe". Il a 39 ans, il est ferme et courageux lorsqu'il gravit les marches le conduisant à la mort.
 
Il refuse tout d'abor qu'on lui lie les mains, mais fini par accepter, contraint par Samson le bourreau. Louis s'avance vers le bord de l'estrade et crie "Peuple, je meurs innocent des crimes dont on m'accuse. Je prie pour que mon sang ne retombe pas sur la France". Mais le capitaine de la garde fait battre le tambour afin de couvrir ses derniers mots.
 
L'abbé de Edgeworth lui dit "Allez Fils de Saint Louis, le Ciel vous attend".
 
Samson allonge Louis XVI sur la planche, mais son large cou musclé gêne la fermeture du demi cercle de bois. A 10h22, la lame s'abat, ne tombant pas sur le cou mais tranchant l'occiput et la mâchoire. La tête est montré au peuple. On entend des cris, des chants. Certains trempe leur pique dans le sang du roi, baigne leur main et se barbouille visage, on prétend que le sang de roi porte bonheur. Un citoyen se hisse sur l'estrade, saisi des caillots de sang et les lance sur la foule. On trempe aussi des mouchoirs, des enveloppes. Le sacré n'existe plus, un symbole est tombé. Le paroxysme de l'horreur est atteint.
 
Louis XVI ne sera pas le dernier Bourbon à régner, ses deux frères monteront sur le trône après la chute de Napoléon en 1815, sous les noms de Louis XVIII et Charles X.
 
Mort pourrie s'il en est, Louis XVI a surtout payé l'accumulation des erreurs politiques et des excès de la monarchie absolue. D'abord coupables désigné dans les livres d'histoire par les républicains désireux de justifier leurs actes, il a été petit à petit réhabilité par l'Histoire moderne qui permet de mieux comprendre ce personnage complexe.
 
La semaine prochaine, je reviendrais pour le dernier épisode bonus de cette série, et j'aurais du lourd, du très très lourd.
 
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