lundi 29 décembre 2014

Portrait de Roi #3 : Bernadotte ou l'ascension d'un ambitieux

Aujourd’hui, c’est lundi. Et le lundi, soit on revend ses cadeaux pourris sur Le Bon Coin, soit on lit « La petite histoire de l’Histoire »

Comme j’ai eu de supers cadeaux (parce que j’ai été très très sage), j’ai le plaisir aujourd’hui de pouvoir vous parler d’un soldat français de la Révolution qui a fini par devenir roi !

Modèle de l’ascension sociale de ces années un peu fofolles, voici les épisodes les plus marquants de la vie de Jean-Baptiste Bernadotte.



Mais qui es-tu Jean-Baptiste ?


* Il est né le 26/01/1763 à Pau, d’un père procureur.

* Comme beaucoup de garçons, il est d’abord destiné à suivre la voie paternelle, mais le droit, c’est pas drôle. Jean-Baptiste s’engage donc dans l’armée pour vivre l'aventure. Et il va être servi!

* En juin 1788, il est un jeune sergent à Grenoble quand éclate la Journée des Tuiles, prémices de la Révolution. Il est sauvé de la mort par le botaniste Dominique Villars. Et son séjour à Grenoble aura une importance capitale pour la suite!

* Après la bataille de Fleurus en 1794, il est promu général de brigade par Kleber.

* 2 mois plus tard, il est déjà général de division ! Eh oui, les guerres sont coûteuses en vie, et les survivants grimpent vite les échelons.

* En 1798, nommé ambassadeur à Vienne, il rencontre Beethoven, mais il provoque une émeute en hissant le drapeau français sur la façade de l’ambassade…maladroit le Jean-Baptiste quand on sait que le peuple a fait guillotiner Marie-Antoinette 4 ans plus tôt !

* Il épouse Désirée Clary, la première fiancée de Napoléon et devient le beau frère de Joseph Bonaparte.

* Il devient Maréchal en 1805, déjà une belle ascension en quelques années !

* Il combat à Austerlitz en 1805, mais ne prendra pas part aux batailles d’Iena, Eylaud, Friedland : le meilleur moyen de rester en vie étant de ne pas participer aux combats !

* Alors qu’il a défait les prussiens à Lubeck, il traite les prisonniers suédois avec beaucoup de dignité et de respect. Pas bête Jean-Baptiste, il vient, sans le savoir, de changer à jamais son destin.

L’accession au trône :
 
* En 1810, alors que Napoléon lui a retiré tout commandement suite à la bataille de Wagram, il erre dans Paris, sans aucune fonction. En Suède, le vieux roi Charles XIII qui a perdu tout ses fils, organise une élection pour désigner le prince héritier. Certains vétérans suédois qui n’ont pas oublié le comportement de Bernadotte pendant la guerre, lui propose d’être candidat.

* Un grenoblois qui a vécu 18 ans en Suède et qui a connu Bernadotte jeune sergent, se fait passer pour l’envoyé de Napoléon et fait campagne pour son ami sur place.

* A la surprise générale, Bernadotte est élu ! Le roi de Suède l’adopte immédiatement et en fait son héritier

* En 1811, le vieux roi Charles XIII étant sénile, c’est Bernadotte qui règne sur la Suède.

* Déçu par Napoléon qui lui refuse la souveraineté du Danemark, et désireux de récupérer la Norvège qui appartient au royaume du Danemark, il s’allie avec le Tsar Alexandre 1er, ennemi de Napoléon, et participe à la coalition contre la France en 1813.

* Il bat tour à tour ses anciens compagnons maréchaux et entre en France aux côtés de l’Angleterre, l’Autriche et la Russie.

* Il espérait prendre la place de Napoléon, mais les Alliés préfèrent restaurer  les Bourbons sur le trône de France.

* En 15 jours, il fait ensuite la conquête de la Norvège en 1814.

* Pendant les 100 jours en 1815 et le retour de Napoléon, il décide que la Suède restera neutre, et cette politique sera désormais celle du pays dans tous les conflits.

* Devenu roi de Suède et de Norvège sous le nom de Charles XIV, il meurt en 1844. Son fils Oscar lui succédera. Le roi actuel de Suède est un descendant direct de Bernadotte.

* Soldat de la Révolution, républicain convaincu, Bernadotte avait un tatouage disant « Mort aux rois ! » Ironique non?

Si vous avez apprécié ce destin particulier qui a mené un petit caporal de l'armée jusqu'au trône de Suède, aimez, commentez, partagez!

La semaine prochaine, nous reviendrons sur Saint Louis et plus particulièrement sur son côté obscur. Et j'aurais du lourd, du très très lourd.

lundi 22 décembre 2014

Une femme dans l'Histoire #2 : le combat des reines Frédégondes et Brunehaut

Aujourd'hui, c'est lundi. Et le lundi, soit on cherche comme un traitre / fourbe dans toute la maison pour trouver son cadeau de Noel, soit on lit "La petite histoire de l'Histoire"
 
Comme moi mon cadeau c'est vous, je suis heureux de pouvoir vous parler aujourd'hui de Frédégonde et Brunehaut, deux reines qui se sont fighté de manière assez gangsta pendant plusieurs années que même à côté de ça le clash entre Amélie et Nabilla dans les Anges c'est du pipi de chat.

 
 
Le Contexte :

Nous sommes en 561. Le fils de Clovis, Clotaire, meurt en laissant 4 fils. Comme le veux la tradition, le royaume Franc est alors partagé en 4.

Sigebert, l'un des fils, épouse une princesse espagnole d'une beauté incroyable : Brunehaut.

Chilpéric, le frère de Sigebert, est déjà marié à Audevère, mais il jalouse la beauté de sa belle-sœur et le prestige qu'en tire Sigebert. Chilpéric n'est pas à ça près, et il répudie Audevère. Il en profite aussi pour renvoyer aux cuisine une esclave avec qui il fricote depuis un moment : Frédégonde.

Une fois seul, le volage roi franc peut enfin épouser la sœur de Brunehaut : Galswinthe.

Nous voilà donc aux portes du drame. Deux frères rivaux, mariés à deux sœurs princesses, et pour pimenter le tout une esclave jalouse qui ne supporte pas d'avoir été écartée. Prête à tout, Frédégonde va mettre rapidement le feu aux poudres.

L'escalade de la violence :

Ne l'oublions pas, nous sommes au temps des rois francs, la violence est absolue. Frédégonde l'a compris et ne compte pas rester esclave toute sa vie.

- En 575, Frédégonde, après avoir fait tué Audevere, étrangle la pauvre Galswinthe dans son lit. Chilpéric, pas trop atteint par ce malheur, se retrouve libre et épouse immédiatement Frédégonde.

- Brunehaut, qui veut venger le meurtre de sa sœur, pousse son mari Sigebert à déclarer la guerre à Chilpéric.

- Durant une bataille, Sigebert tue son neveu, que Chilpéric avait eu d'un premier mariage, et entre dans Paris, la capitale du vaincu. Sigebert dépossède son frère de son royaume et lui pique son territoire

- Réfugiée à Tournai, Frédégonde a grave les boules! Elle dépêche alors deux assassins armés de haches enduites de poison qui vont tuer le roi Sigebert!

- Leur roi mort, les francs sont déstabilisé et Chilpéric en profite pour reprendre le pouvoir. Il fait alors emprisonner Brunehaut et ses fils. L'un d'eux, Childebert II parvient toutefois à s'enfuir.

- Brunehaut est envoyée dans un couvent à Rouen. Mais là, nouveau drame digne d'Hollywood. Mérovée, le fils de Chilpéric et Audevere, est tombé fou amoureux de sa tante sans que personne ne s'en aperçoive. Il rejoint Brunehaut à Rouen et l'épouse grâce au prêtre Pretextat.

- Furieux, Chilpéric fait enfermer son fils et le fait tondre : la punition la plus honteuse pour un Franc. Mérovée finira seul, errant et sans fortune. Un compagnon le trahira et lui plantera sa hache dans le cœur...surement sur ordre de sa belle mère Frédégonde.

- Pendant ce temps, Frédégonde, désireuse d'éliminer toute concurrence masculine pouvant prétendre à la couronne à la place de ses propres fils se débarrasse successivement de Clovis, son beau fils, et de Childebert II, le fils de Brunehaut, sa rivale.

- La terrible reine apprend dans le même temps, après avoir perdu ses 3 fils en bas âge, qu'elle est de nouveau enceinte. Elle donne naissance à un garçon. Fou de joie, Chilpéric ne profitera pas longtemps de son héritier Clotaire II, car il meurt, mystérieusement poignardé par deux inconnus au retour de la chasse...

- En 586, Frédégonde fait également empoisonner Pretextat, le moine qui avait marié Brunehaut et Mérovée.

- Frédégonde, après toute une vie de meurtres et de complots, après avoir écarté tout ceux qui la gênait à coup de poison, poignard, en étranglant, en égorgeant... et après s'être assurée que Clotaire II, son fils, soit bien proclamé roi des Francs, s'éteint tranquillement dans son lit une nuit de 597.

- Et Brunehaut me direz vous? Eh bien elle est capturée en 613, à l'âge de 70 ans, par Clotaire II, le fils de son éternelle rivale. Après l'avoir fait torturer pendant 3 jours, il la fait attacher à un cheval par une jambe, un bras et les cheveux. Le cheval fougueux et lâché, et la reine meurt alors dans d'atroces souffrances.

- Pour l'anecdote, Frédégonde est aussi la grand mère d'un roi que nous connaissons tous : le bon roi Dagobert, qui aura un caractère bien opposé à celui de son père et de la cruelle Frédégonde!

J'espère que vous aurez apprécié cette chronique digne de Dallas chez les Mérovingiens. Si c'est le cas, aimez, commentez, partagez!

La semaine prochaine, nous reviendrons sur le destin hors du commun d'un caporal devenu roi, et j'aurais du lourd, du très très lourd!



dimanche 21 décembre 2014

J'ai lu : "L'analphabète qui savait compter" de Jonas Jonassson

 
 
L'histoire :
 
Quelle est la probabilité pour que Nombeko, orpheline, noire, analphabète, née dans le plus grand ghetto d'Afrique du Sud, cherche désespérément à se débarrasser d'un colis postal contenant une bombe nucléaire et se retrouve enfermée dans un camion de pommes de terre en compagnie du roi de Suède et de son Premier ministre? Une sur quarante-cinq milliards six cent soixante-dix millions deux cent douze mille huit cent dix. Selon les calculs de ladite analphabète.
 
Mon Avis :
 
Après le très réussi et très drôle "Le vieux qui ne voulait pas fêter son anniversaire", l'auteur nous livre une autre excellente comédie se déroulant entre l'Afrique du Sud et la Suède.
 
Difficile de trouver un rapport entre la jeune analphabète héroïne de l'histoire et la Suède, mais pourtant, l'auteur, pas un tour de magie dont il est désormais coutumier, y parvient sans problème.
 
Les péripéties les plus farfelues s'enchainent à un rythme tranquille mais constant, et l'humour omniprésent nous fait passer un excellent moment. Le style est toujours aussi léger, mais pétillant, drôle, à lire souvent au second degré car plein d'ironie. Les personnages sont tous aussi déjanté que dans le précédent roman, c'est un régal de passer un moment avec eux.
 
Une fois de plus, c'est une sacré réussite. Faire rire par écrit n'est vraiment pas évident, le pari est réussi. Surtout qu'ici ce n'est pas au détriment de l'histoire. Alors bien sur tout s'enchaine de manière absolument absurde, mais pourtant ça pourrait être presque vrai. Et c'est ça qui est génial!
 
Une fois encore, l'auteur nous fait traverser plusieurs décennies et en profite pour nous donner sa vision des évènements historiques modernes que les protagonistes vivent et influent indirectement.
 
Je vous le recommande chaudement!!

lundi 15 décembre 2014

Des mots dans le temps : Quand sympathie rime avec Histoire

Aujourd'hui, c'est lundi. Et le lundi, soit on a pas de bol et on est pris en otage à Sydney, soit on est vraiment chanceux et on peut lire "La petite histoire de l'Histoire"

Comme j'ai pas les moyens d'aller à Sydney, je suis heureux de pouvoir écrire cette chronique un peu spéciale aujourd'hui.

Allez, trêve de bavardage et allons-y pour ce Hors Série "Citations".

1. Le siège de Béziers ou la Grande Boucherie :

Nous sommes en 1209. Le pape a ordonné une croisade en France contre l'hérésie Cathare très présente dans le Languedoc.

20 000 croisés se présentent devant la ville de Béziers dont ils commencent le siège. Sympa, ils conseillent aux vrais catholiques de quitter la ville pour ne pas partager le sort des cathares que l'on devine peu enviable.

Les habitants de Béziers, sûrs de leur murailles, refusent tout net.

L'assaut est alors ordonné. Les croisés, un peu embêtés, demandent au légat du Pape comment reconnaitre un Cathare d'un Catholique parce que bon, ils se ressemblent un peu quand même et on voudrait éviter de faire une boulette en tuant un bon chrétien. Arnaud Amaury, le légat du Pape, déclare alors :

" Tuez les tous, Dieu reconnaitra les siens"

Les soldats obéissent, la défense de Béziers cède et les croisés envahissent la ville, massacrant tout le monde, y compris les gens qui se sont réfugiés dans les églises. Les témoignages divergent, on fait état de 14 000 morts, 20 000 ou plus. Quoiqu'il en soit, cet épisode sanglant entre alors dans l'Histoire sous le nom de "Grand Masèl" en occitan : la Grande Boucherie.

Bien sûr, Béziers a servi d' "exemple" afin que les villes suivantes se rendent plus vite...Bel esprit  chrétien!

2. L'amour fraternel selon Charlemagne :

Retour dans le temps, nous sommes en 768. Pépin le Bref, roi des Francs s'éteint. Il a eu la bonne idée avant cela de respecter la tradition franque et a partagé son royaume en 2 parts plutôt égales entre ses deux fils : Carloman et Charlemagne.

Sauf que Charlemagne est un conquérant ambitieux. Il présage déjà qu'il ne sera pas qu'un simple roi Franc. Mais le royaume de Carloman le gène dans son expansion. On ne peut quand même pas faire la guerre à son frère? La situation ne dure pas bien longtemps : en 771 un moine se présente devant Charlemagne et lui annonce :

"Dieu vous a témoigné d'une faveur spéciale en enlevant de ce monde Carloman"

Il a bon dos Dieu tiens...le grand Charles aurait fait assassiner sans remord ce frère gênant. Enfin en tout cas, cette mort est une excellente nouvelle pour Charlemagne qui hérite du même coup de la moitié du royaume que son père avait laissé à Carloman. Pour cela, il n'hésite pas une seule seconde à spolier ses neveux qui doivent précipitamment quitter le royaume avec leur mère.

Charlemagne, lui est en passe de devenir l'empereur et d'entrer dans l'Histoire comme le père de l'Europe, continent né dans le sang d'un fratricide.

3. Louis XI ou l'amour d'un père pour sa fille

Nous sommes en 1476. Louis XI n'a plus qu'un seul fils en vie : le futur Charles VIII (mais si vous voyez qui c'est : celui qui s'est tué en se fracassant la tête contre un linteau de porte après avoir glissé sur des excréments)

Si Charles venait à mourir avant d'avoir des enfants, la couronne passerait au cousin de Charles, le beau Louis d'Orléans. Ca, Louis XI ne peut même pas l'envisager! Pourtant, c'est bien lui, le roi impitoyable, qui a pris sous tutelle cet héritier gênant quand il avait 3 ans, car le papa de Louis d'Orléans est resté prisonnier des anglais 25 ans après la bataille d'Azincourt. Mais voilà, le rêve du roi est de voir disparaitre la branche d'Orléans.

Là, ce bon vieux Louis a une idée à la fois cruelle et cynique : il décide de marier sa fille Jeanne l'Estropiée à son cousin Louis d'Orléans. Comme son nom l'indique, la pauvre jeune princesse n'est pas un parti valorisant pour Louis : bien qu'ayant un visage agréable, elle est de petite taille, voutée, a une épaule plus haute que l'autre, et boîte.

Le roi ne laisse pas beaucoup le choix à Louis mais lui offre tout de même une dot largement supérieur à la moyenne pour compenser le physique ingrat de la future mariée.

Le jour de la cérémonie, le roi Louis XI va glisser à l'un de ses proches :

"Pour ce qu'il me semble, les enfants qu'ils auront ensemble ne leur couteront pas cher à nourrir!"

Au final, en 1499, après Louis XI, Charles VIII meurt sans descendant. Louis d'Orléans va donc tout de même hériter de la couronne et devenir Louis XII. Il s'empresse de faire annuler son mariage par le Pape, arguant qu'il n'a pas été consommé : mais bien sûr...après 23 ans, on y croit à mort!

La pauvre Jeanne déclarera lors du procès pour annulation :
"Bien que je sache très bien que je ne suis ni aussi jolie ni aussi bien faite que les autres femmes le mariage a bel et bien été consommé".

Après l'annulation du mariage, Jeanne se retire au couvent à Bourges.

4. Napoléon ou le pragmatisme à toute épreuve :

Durant la nuit du 19 au 20 mars 1811, des cris de femmes résonnent dans le palais des Tuileries. L'impératrice Marie-Louise d'Autriche vit un accouchement difficile qui va durer 12h.

L'enfant se présente en effet par les pieds, et la mère et le bébé sont en danger de mort.

Napoléon fait les cent pas à l'extérieur de la chambre, et entend aux cris poussés par sa femme que tout ne se déroule pas au mieux.

Lorsqu'au petit matin Corvisart, le médecin personnel de l'empereur vient le voir, tout tremblotant, épuisé, pour lui annoncer la naissance d'un fils, Napoléon ne comprends tout d'abord pas les paroles du médecin qui a du mal à articuler avec la fatigue. Napoléon croit comprendre que l'impératrice est morte durant l'accouchement. Il lance :

"Quoi Corvisart? Elle est morte? Eh bien si elle est morte qu'on l'enterre!"

Que dire de plus? Compassion, amour, empathie...les mots me manquent!

5. Jules de Polignac, le gars qui n'a rien compris :

28 juillet 1830. Le peuple gronde et une nouvelle révolution est en marche pour chasser Charles X du pouvoir.

Le 1er ministre du roi est un aristocrate qui se nomme Jules de Polignac. Il est ultra royaliste et n'envisage pas une seule seconde que ce qu'il se passe dans la rue puisse être entendu. Il prétend également que la Vierge lui apparait tous les matins et qu'il suit ses conseils...drôle d'idée quand on voit ce qui va suivre.

Lorsque le peuple monte sur les barricade en cet été 1830, il ordonne à la troupe de tirer sur la foule. Puis, lorsqu'on vient l'avertir que la troupe a fraternisé avec le peuple, il déclare :
"Eh bien qu'on tire sur la troupe!"

2 jours plus tard, le roi est chassé de Paris, la 2e Révolution a renversé le régime en place et Jules de Polignac avec!

6. Clémenceau, le roi de la punchline :


Le 16 février 1899, le président de la République en exercice, Félix Faure, meurt au palais de l'Elysée en pleine nuit.

Comme le disent alors les journaux de l'époque, il est mort d'avoir trop "sacrifié à Vénus" : en gros, il est mort d'un orgasme fatal alors qu'il était avec sa maîtresse, Marguerite Steinheil. Pour être encore plus précis, la demoiselle était en train de lui prodiguer une spécialité buccale fort appréciée par les hommes quand Félix a eu la bonne idée de mourir, ce qui valut à Marguerite le surnom de la "Pompe Funèbre"

Georges Clémenceau, jamais avare de bons mots, et qui ne pouvait pas blairer Félix Faure a ensuite déclaré :
"Il voulut être César, il finit Pompée"

Mais aussi :
"En entrant dans le néant, il a du se sentir chez lui"
Pour bien achever le tout, Georges a encore balancé à propos de son "ami" :
"Ca ne fait pas un français de moins, mais une place à prendre"


J'espère que ce billet un peu spécial et plus long qu'à l'accoutumée vous aura plu. Si c'est le cas, aimez, commentez, partagez! Si ce n'est pas le cas, eh bien écrivez à notre service client qui se fera un plaisir de répondre à votre réclamation sous 800 jours.

La semaine prochaine, ne ratez pas le prochain épisode consacré aux femmes dans l'Histoire, car je vous raconterais la rivalité sanglante entre deux reines, et j'aurais du lourd, du très très lourd.

lundi 8 décembre 2014

L'homme qui aurait pu être roi : Henri V

Aujourd'hui, c'est lundi. Et le lundi, soit on mange les chocolats de l'avent, soit on se demande pourquoi la France est une république et pas une monarchie.

Si vous vous posez cette question saugrenue comme ça un lundi, eh bien je serais ravi de pouvoir vous présenter l'homme qui a fait foiré les derniers espoirs des royalistes en 1871 : Henri de Chambord :

 
Le contexte :
 
On a tendance à croire que la (glorieuse) révolution de 1789 a été la seule et a installé définitivement la République en France, chassant les méchants aristocrates. Eh bien non! Si on résume rapidement les choses :
 
- La 1ere république est proclamée en 1792 et va durer jusqu'en 1804
 
- De 1804 à 1815, c'est l'Empire de ce bon vieux Napoléon
 
- de 1815 à 1830, c'est la restauration : le retour au pouvoir des frères de Louis XVI, revenus d'exil. Louis XVIII et Charles X vont tenter un retour à l'Ancien Régime jusqu'à la 2e révolution.
 
- Après ce 2e coup d'éclat du peuple parisien, s'installe Louis-Philippe 1er, roi des Français (et non plus de France) qui va gouverner sous forme d'une monarchie plus ou moins constitutionnelle.
 
- 3e révolution en 1848, on dit au revoir à Louis Philippe et bonjour à la 2e république jusqu'en 1852
 
- Là, patatras, Napoléon III, neveu du 1er, proclame le 2° Empire qui va durer jusqu'en 1870 et la branlée de Sedan face aux allemands
 
Comme vous pouvez le voir, les révolutionnaires de 1789 n'avaient surement pas prévu que la France connaitrait 6 régimes différents dont 4 autocratiques...Au final, en 100 ans, les choses n'ont pas beaucoup changé...
 
En tout cas, c'est en 1870 que notre Henri a l'occasion de revenir sur le devant de la scène comme nous allons le découvrir là tout de suite maintenant.
 
Mais qui es-tu Henri?
 
- Petit fils de Charles X, il est le dernier descendant direct de Louis XV.
 
- Il est appelé "l'enfant du miracle" par Lamartine. En effet, son père est assassiné dans la nuit du 13 au 14 février 1820. La duchesse du Berry, enceinte au moment du drame accouchera sept mois et demi plus tard.
 
- Lors de sa naissance, le château de Chambord est racheté par la monarchie par souscription nationale et offert à Henri. Tout d'abord Duc de Bordeaux, il devient Duc de Chambord.
 
- En 1830, si vous avez bien suivi, c'est la 2e révolution. Charles X est chassé du pouvoir et abdique en faveur de son fils aîné. Celui-ci règne alors sous le nom de Louis XIX pendant...20 minutes! Il abdique à son tour et la couronne passe donc à notre Henri âgé de 10 ans, qui devient de fait Henri V. Il "règne" 5 jours avant que Louis Philippe ne soit déclaré roi par la Chambre des Députés.
 
- Il est ensuite chassé avec sa famille et doit s'exiler. Il vivra plusieurs années entre l'Autriche et l'Angleterre.

- Il se marie avec Marie-Thérèse de Modène, qui souffre d'une malformation osseuse de son bassin qui barre de long en large l'entrée de son utérus : impossible pour elle d'enfanter ou d'avoir des rapports sexuels : un mariage normal quoi ;-)
 
A 2 doigts d'être roi :
 
En 1871, après la chute du 2° Empire et de Napoléon III, la loi interdisant le retour en France des membres de la famille royale est abolie. Henri peut enfin revenir en France!
 
La nouvelle Assemblée compte une majorité de député royalistes! C'est l'autoroute pour lui, les députés sont prêts à voter le retour de la monarchie avec notre Henri au pouvoir.
 
Sauf que Henri, un brin têtu, refuse d'adopter le drapeau tricolore que les révolutionnaires ont imposé depuis 1789. Lui, il n'en démord pas : il veut le drapeau blanc des royalistes ou rien!
 
Les monarchistes les plus convaincus sont atterrés! En effet, ce drapeau blanc n'a jamais été le symbole de l'Ancien régime mais n'avait été utilisé que pendant la Restauration de 1815 à 1830.
 
En attendant, Mac Mahon est désigné président par l'Assemblée. On se dit qu'Henri va finir par changer d'avis. Puisqu'on ne veut pas du drapeau blanc, Henri repart en exil en Autriche.
 
En 1873, une délégation de députés se rend en Autriche rendre visite à Henri. Ils ont cru comprendre que cette fois il était prêt à prendre la couronne. Tout est prêt à Paris, on a même prévu le parcours du cortège.
 
Sauf que Henri, le 23 octobre 1873 déclare publiquement : "Le drapeau blanc ou rien!" Tête de mule le Henri!
 
Les députés, dépités (ah ah), rentrent à Paris et prolongent le mandat de Mac Mahon, instaurant ainsi le septennat qui restera en vigueur jusqu'en 2002.
 
Les républicains, eux, se frottent les mains! Minoritaires à l'Assemblée, ils ont pu, grâce à l'entêtement d'Henri, éviter le retour de la monarchie. Ils proclament en 1875 la IIIe République, qui va durer jusqu'en 1940.

Cette fois, la République s'installe définitivement en France.

Henri V, lui, va mourir en 1883, en exil à Frohsdorf en Autriche.

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La semaine prochaine, nous évoquerons quelques citations historiques sympa, et j'aurais du lourd, du très très lourd.


jeudi 4 décembre 2014

J'ai lu : "Psycho-Killer" de Anonyme

 
L'histoire :
 
Tout semble paisible à B Movie Hell (« L’Enfer du film de série B »). Jusqu’à ce qu’un tueur mystérieux – sous un masque en forme de crâne surmonté d’une crête rouge – se mette à assassiner très tranquillement certains habitants de la ville. Le FBI confie l’affaire à Milena Fonseca et Jack Munson, dit le Fantôme, deux spécialistes des opérations clandestines. Mais bientôt des liens apparaissent entre cette terrifiante série de meurtres et un projet top secret du Département d’État. Les habitants de B Movie Hell sont bien résolus à mettre fin eux-mêmes et sans l’aide de personne à cette situation cauchemardesque…
 
Mon Avis :
 
Ayant adoré la tétralogie du Livre Sans Nom, il était hors de question que je passe à côté du nouveau roman déjanté de cet auteur dont personne ne connait l'identité.
 
Addictif, drôle, jubilatoire, les mots me manquent! Si vous aimez un tant soit peu le cinéma américain des années 80/90, vous serez automatiquement happé par les références, les répliques de films glissées ici et là. Comme d'habitude, ça défouraille dans tous les sens, tous les personnages semblent sortis tout droit d'un Tarentino, et certaines sont si bien écrites qu'on a l'impression de regarder n'importe quel classique des films d'action de l'âge d'or de ces décennies.
 
Le style est hyper fluide, quelques jours suffisent pour dévorer les 400 pages qu'on ne parvient pas à lâcher tellement le rythme est soutenu. Les chapitres courts s'enchainent et il est difficile de se résoudre à poser le livre pour dormir.
 
Pas de sentiments, de l'action, un zest de polar, de l'humour, rien ne manque dans le cocktail hyper efficace de l'auteur. Et vu la fin, ça sent la suite prochainement! Encore! Encore! Encore!


lundi 1 décembre 2014

Scandale à la cour de France : l'Affaire de la Tour de Nesle

Aujourd'hui c'est lundi. Et le lundi on peut soit regarder les Feux de l'Amour si on bosse pas, soit lire cette chronique passionnante sur l'un des premiers scandale people de l'Histoire!

En effet, délaissons un peu nos rois fous pour nous intéresser aujourd'hui à une affaire qui a sérieusement ébranler (sans jeux de mots) la monarchie française au 14e siècle : L'Affaire de la Tour de Nesle

La Porte et la Tour de Nesle, sur le quai en face du Louvre
 
Le contexte :
 
Nous sommes en 1314. Le roi de France s'appelle Philippe IV, que l'on nomme "Le Bel". Il a 3 fils, qui deviendront tour à tour rois : Philippe, Charles et Louis (souvenez vous, celui qui est mort d'avoir bu du vin glacé!)
 
Philippe et Charles sont mariés respectivement avec les 2 sœurs de Bourgogne Jeanne et Blanche, tandis que Louis a épousé Marguerite de Bourgogne, fille de Mahaut d'Artois.
 
Elles ont entre 18 et 23 ans,  elles sont belles, et elles font souffler sur la cour de France un vent de gaieté innocente. Enfin...pas si innocentes que ça les donzelles, comme nous allons le voir.
 
Les 3 princes ont une sœur, Isabelle de France, qui a épousé le roi d'Angleterre et envoie régulièrement des cadeaux à ses belles-sœurs, dont une aumônière chacune.
 
Cette année là, grand évènement rarissime : le roi d'Angleterre vient rendre visite à son homologue français. Isabelle va revoir son pays et ses frères. Clou de la visite officielle : Philippe le Bel arme chevalier ses 3 fils et deux nobles, frères également : Philippe et Pierre Gauthier d'Aulnay.
 
Isabelle assiste à la cérémonie et son œil de femme repère immédiatement que les aumônières qu'elle avait offerte à ses belles sœurs sont accrochées à la ceinture des frères d'Aulnay. Maline la rouquine, elle devine qu'il y a anguille sous roche, ou plutôt poulpe sur moule dans le cas présent. Faut dire aussi qu'Isabelle elle s'y connait en adultère, elle qui ne voit pas bien souvent son roi de mari dans son lit, mais plutôt dans le lit des jeunes hommes anglais de la cour...
 
Elle rentre en Angleterre sans rien dire, mais (attention alerte cliché misogyne) c'est une femme. Elle ne parvient donc pas à garder ce terrible secret (fin de l'alerte cliché misogyne). Elle écrit à son père un billet où elle indique "Mon père, vos belles filles ont des amants". Sobre, concis, mais efficace.
 
Le Philippe, il est gentil, mais faut pas lui chatouiller les moustaches. Il a déjà fait tomber l'ordre des Templiers, conduit au bûcher le grand maître de cet ordre surpuissant, livrer des guerres un peu partout, il ne compte pas laisser trainer dans la boue l'honneur des Capétiens. En effet, si on apprend que les reines batifolent, le risque est de remettre en question la légitimité des futurs petits héritiers.
 
Très vite, Philippe le Bel fait arrêter les frères d'Aulnay et commence alors une enquête minutieuse...Non je déconne...En réalité, les deux jeunes nobles sont torturés et finissent par avouer ce que Blanche et Marguerite ont déjà révéler à leur beau père : Oui, depuis 2 ans, elle recevaient à la Tour de Nesle les deux beaux jeunes hommes pour des 5 à 7 torrides. Le roi de France est furieux, y compris contre Jeanne qui n'a rien fait d'autre que de se taire alors qu'elle savait tout depuis le début.
 
Le dénouement de l'affaire :
 
Marguerite et Blanche sont tondues, vêtues de robe de bure et conduite dans un chariot surmonté de toiles noires à la forteresse de Château Gaillard où elles sont jetées dans deux cellules froides et humides.
 
Marguerite, la femme de Louis X, mourra l'année suivante en 1315. Officiellement de maladie...officieusement, son mari aurait décider d'étouffer l'affaire et sa femme avec, entre deux matelas.
 
Blanche, lorsque Charles devient roi en 1322, est toujours prisonnière. Elle accepte l'annulation de son mariage et fini ses jours en 1326 à l'abbaye de Montbuisson.
Quant aux frères d'Aulnay, ils vont payer cher le plaisir qu'ils ont pris avec les sœurs adultères. Ils sont évidemment affreusement torturés puis condamnés à mort.
 
Devant des milliers de spectateurs, Philippe et Pierre-Gauthier sont hissés sur une estrade. Là, le bourreau les émascule puis jette leur sexe aux chiens. Toujours vivants, ils sont ensuite attachés à des chevaux puis trainés sur des tiges de paille fraichement coupées et pointues. Les deux frères n'ont toujours pas rendu l'âme.
 
Le bourreau les remonte sur l'estrade, les écorche vif, fait couler du plomb soufré en ébullition sur leurs blessures puis leur coupe la tête. Leurs corps sont ensuite pendus par les aisselles au gibet de Montfaucon
 
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La semaine prochaine, nous parlerons d'un gars qui est passé pas loin du retour gagnant..(teasing). Et j'aurais du lourd, du très très lourd!