lundi 16 mars 2015

Focus sur...#3 : Le couple Desmoulins : "Les histoires d'amour finissent mal en général"

Aujourd'hui c'est lundi, et le lundi, soit on se dit que l'hélicoptère c'est vraiment nul, soit on lit "La petite histoire de l'Histoire".

Comme moi je n'ai pas l'âme d'un aventurier, j'ai le plaisir de vous parler aujourd'hui du couple Desmoulins, sujet que vous avez choisi. J'en profite pour vous remercier de votre fidélité!

Bref, on est pas là pour se papouiller la couenne, donc entrons directement dans la machine à remonter le temps pour découvrir qui étaient Camille et Lucile Desmoulins.

 
 
Aujourd'hui, nous allons vivre une belle, une grande, une magnifique histoire d'amour, de celles qui entrent dans la légende. Les filles, vous allez kiffer. Les mecs, ben si c'est pas votre truc, sachez qu'il sera aussi question de trahison, de complots et de fin dramatique, car oui, tout cela ne finira pas bien, comme nous le voir là tout de suite maintenant. Allez, c'est parti!
 
Camille Desmoulins né du côté de Guise dans l'Aisne, d'une famille plutôt bourgeoise, le 2 mars 1760.
 
Adolescent, il intègre le lycée Louis le Grand à Paris, où il sera dans la même classe qu'un certain Maximilien Robespierre avec qui il noue immédiatement une solide amitié. Durant cette période, il va également fréquenter  le jeune Suleau...dont le nom doit vous rappeler quelque chose si vous venez souvent par ici.
 
En 1775, il est choisi avec Robespierre pour réciter un compliment en vers devant le nouveau jeune roi de France, qui stoppe son carrosse devant le lycée sur la route du retour du sacre : Louis XVI. Il pleut a verse ce jour là. Le roi ne prend pas la peine de descendre de son carrosse et les deux jeunes enfants récite leur poème sous la pluie battante sans même apercevoir le souverain. Ce dernier repart sans leur avoir adressé un mot.
 
Diplômé, Camille s'installe à Paris. En 1782, dans les jardins du Luxembourg, il rencontre la famille Duplessis, issue comme lui de la petite bourgeoisie mais tout de même plus riche. Il fait ainsi la connaissance de la petite Lucile qui n'a alors que 12 ans...Il en a 22, mais il se passe quelque chose ce jour là, un coup de foudre pourrait-on presque dire.
Oui, aujourd'hui on appellerait ça de la pédophilie. Comme dirait Jean-Luc Lahaye : "J'vous jure m'sieur le juge, je savais pas qu'elle avait 12 ans! Elle en faisait bien 16..."
 
Il faut dire aussi que Lucile est une jeune fille souriante, espiègle, intelligente, pétillante et qui possède une joie de vivre incroyable. Elle voue une admiration sans borne à Necker et déteste Marie-Antoinette.
 
En 1785, Camille devient avocat, mais il bégaie de manière maladive et n'a donc que très peu de clients...
 
En 1787, il faut se rendre à l'évidence : Camille et Lucile qui s'échangent de nombreux courriers enflammés sont fous amoureux l'un de l'autre. Camille demande sa main à M. Duplessis, mais celui-ci refuse car Camille est dans une situation financière bien trop précaire.
 
1789 va tout changer...Alors que Necker est renvoyé par Louis XVI le 12 juillet, provoquant la colère du peuple, Camille monte sur une table dans le quartier du palais royal. Armé de deux pistolets, il arrangue la foule et malgré son bégaiement, il fait un discours incroyable, poussant les parisiens à s'armer pour se défendre du roi. Et où sont les armes? "A la Bastille!" crie-t-il Et le peuple le suit à l'assaut de la forteresse royale.
Les gens réunis dans cette cour de café se demandent comment se reconnaitre entre citoyens et ennemis du peuple. Camille a alors l'idée de porter une cocarde. Il arrache une feuille de tilleul et l'accroche à son chapeau, invitant la foule à faire de même.
Plus tard, cette cocarde deviendra bleue blanc rouge, mais c'est bien à lui qu'on la doit!
 
 

 
Surnommé "L'homme de la Bastille", Camille devient alors célèbre et surtout, riche grâce à son nouveau métier de journaliste. M. Duplessis accepte alors de lui donner la main de sa fille . Camille et Lucile se marient le 29 décembre 1790. Le témoin de Camille est bien évidemment son ami d'enfance, devenu lui aussi une figure de la Révolution : Robespierre.
 
Le couple s'aime passionnément et  donne naissance à un petit Horace le 6 juillet 1792 dont le parrain sera là encore l'ami de toujours, Robespierre.
 
Un mois plus tard, en aout 1792, c'est le début de la Terreur avec la prise du palais des Tuileries par le peuple dans un bain de sang effroyable. Camille assiste à cette journée, et il voit la tête coupée de Suleau, son ancien camarade de lycée massacré par la foule poussée par Anne-Josèphe Théroigne de Méricourt. C'est un véritable traumatisme pour Camille.
 
Le lendemain de cette terrible journée, il est nommé secrétaire au ministère de la justice tenu par son ami Danton.
 
Convaincu par les idées d' Olympe de Gouges, il est quasiment le seul révolutionnaire à la soutenir dans son combat pour l'égalité homme/femme.
 
En 1793, il participe à la chute des Girondins et notamment à l'arrestation de leur chef Brissot. C'en est trop pour Camille qui commence à se dire que la Terreur va trop loin. Il souhaiterait un courant plus modéré et commence à s'éloigner des Montagnards. C'est le début de la fin...
 
La chute du couple :
 
Nous somme le 31 mars 1794. Il est minuit. Camille fait les cents pas dans le salon de son appartement rue de l'Odéon. Il sait que le Comité de Salut Public veut sa tête. Et ses craintes deviennent réalité quand 2 commissaires de la République viennent l'arrêter pour "Affairisme et mollesse" sur ordre de... Robespierre!
L'ami d'enfance, devenu le vrai dirigeant de la Révolution, ne supporte pas que Camille s'éloigne de la Terreur et réclame que les têtes arrêtent de tomber dans son journal "Le Vieux Cordelier". Sympa le pote...Ah le gredin! Le fourbe! Le sacripant! L'encu...bref, la douleur m'égare. Ben oui, on l'aime bien Camille. Il est droit, honnête, intègre, naïf, amoureux, moderne avec ses idées humaniste, et avec son bégaiement, il attire forcément la sympathie.
 
Lucile pleure, crie, supplie. Mais Camille est emmené alors que le petit Horace qui a 2 ans se met à pleurer lui aussi. C'est la dernière fois qu'il voit son père.
 
Ironie de l'histoire, Camille est enfermé dans les prisons du Luxembourg, là où 10 ans plus tôt il avait rencontré Lucile. De sa cellule, il lui écrit des lettres enflammées : "Les verrous qui me séparent de toi ont vaincu toute ma fermeté d'âme [...] Envoie-moi de tes cheveux, que je les mette contre mon cœur"
 
Jugé avec Danton, Camille est exclu du débat lors du procès, de peur qu'il ne mette la foule de son côté, lui que le peuple a toujours soutenu pour son intégrité. Tous les deux sont condamnés à mort le 4 avril au matin. Il écrit : "Vis pour notre enfant ; parle-lui de moi ; tu lui diras, ce qu’il ne peut pas entendre, que je l’aurais bien aimé. Malgré mon supplice, je crois qu’il y a un Dieu... Adieu Horace... Adieu Lucile, ma tête séparée repose encore sur toi mes yeux mourants ».
 
Mais le jour même, Lucile est arrêtée à son tour. Robespierre a monté de toute pièce un complot dans lequel elle aurait trempé pour libérer des prisonniers politiques. Camille l'apprend, devient fou de rage et s'écrie " Les scélérats, non contents de m'assassiner, ils veulent assassiner ma femme !" OK, bon là j'imagine que la vraie phrase devait plutôt ressembler à : "Les scé-scé-scéééé-scélérats, non con-con, contents de-de-de-d-d-d-de m'aaaass-ass-ass-assassi-siner..."
 
Le 5 avril 1794, Camille est conduit à l'échafaud en compagnie de Danton et d'autres condamnés. Dans la charrette qui le mène à la mort, il dit "Peuple on te trompe, on tue tes amis ! Mon seul crime n’a jamais été que d’avoir versé des larmes !"
 
 
Scène du film "La Révolution Française, les années terribles" dans lequel Desmoulins est magnifiquement joué par François Cluzet

Il monte à l'échafaud juste après Danton. Il est agité, fébrile, et demande à Sanson, le bourreau, de donner une mèche de ses cheveux à Lucile. On l'installe sur la planche qui bascule à l'horizontal.
Alors que le couperet tombe, Camille hurle un dernier mot  : "Lucile!"
 
De son côté, la jeune femme est enfermée à Ste Pélagie. Lorsqu'elle apprend qu'elle est condamnée à mort le 13 avril au terme d'une parodie de procès, elle fait face avec courage et déclare "O Joie! Dans quelques heures je vais donc revoir Camille!" Avant de monter à l'échafaud, elle embrasse la veuve de Hebert qui tout comme elle est condamnée à mort pour les idées de son mari. Lucile est guillotinée à l'âge de 24 ans.
 
Sa dépouille rejoint celle de Camille dans la fosse commune des Errancis, vers l'actuel parc Monceau...là même où comble de l'ironie, celle de Robespierre sera jetée seulement 4 mois plus tard...

Horace, lui, dont les ardeurs républicaines ont surement été refroidies par le sort de ses parents, sera décoré par Louis XVIII et partira tenter sa chance à Haïti où il mourra de la fièvre jaune en 1825.
 
Si cette chronique sur ce couple qui inspira parmi d'autres le courant romantique du 19e siècle, aimez, commentez, partagez!
 
La semaine prochaine, nous partirons du côté de la Réunion pour vivre une histoire de pirate! Et j'aurais du lourd, du très très lourd!


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